HK & les Saltimbanks : Du rap, entre autre…

Après l’aventure Ministère Des Affaires populaires, HK s’est imposé en un album solo avec le titre On lâche rien. Hymne engagé alter-mondialiste, cette chanson a permis à HK de rencontrer un large public. « Les temps modernes », son second album, nous complique bien la tâche : rap ? Oui, mais avec de l’accordéon ! Rock alors ? Peut-être mais sans guitares ! Et si HK devait autant à Public Enemy qu’à la Mano Negra ? Rencontre avec un roubaisien qui s’est installé à la campagne. Jamais là où on l’attend…

« Les temps moderne ». C’est un clin d’œil à Charlie Chaplin ?

Naturellement. Si tu mates le film tu te rends compte qu’il y a tout ce que l’on vit aujourd’hui : le productivisme, la surconsommation. Je pense qu’on est à la fin de cette ère. Vers quoi va-t-on ? J’espère que ce ne sera pas Le dictateur pour continuer avec Charlot.

Parler de Rap pour cet album, c’est un peu restrictif non ?

Je suis né avec le rap mais j’aime aussi la chanson populaire qu’elle vienne de France, du Maghreb ou les chants révolutionnaires d’Amérique du sud. Notre premier album s’appelait « Citoyens du Monde » nous on aime bien jouer sur ces frontières, les dépasser. Mais ça nous coûte ! L’époque est à l’éclectisme, on se fait tous des playlists avec des styles différents. Les medias et les maisons de disques n’ont pas encore intégré cela ! On nous demande c’est quoi votre style ? Faut choisir ! Et bien non ! Nous, on ne choisit pas !

Y a-t-il un tube dans cet album ?

Je n’en sais rien. Quand tu as une chanson qui fonctionne, c’est quelque chose qui t’échappe. On lâche rien nous a complètement dépassé. En plus mes chansons préférées sur d’autres albums ne sont jamais les tubes.

Je propose Pas d’panik

Tu penses ? Oui d’accord. En plus il y a un invité dessus puisqu’on a reformé le Ministère Des Affaires populaires donc ok, ça me va !

Y a t’il deux raps en France : l’un parisien et l’autre de province ?

J’ai beaucoup de mal à répondre à ça. J’ai toujours dit que le rap, pour moi, est comme une gigantesque bibliothèque avec pleins de rayons. Et sur les étagères il y a des chefs-d’œuvre et des choses nulles ! C’est pour cela que ça m’a toujours énervé quand on stigmatise le rap en disant « mais écoute il y a des trucs pourris ! » Pourquoi il n’y a que des œuvres majeures en rock ? Pour revenir à ta question, même en région parisienne il y a des choses vraiment différentes : quel est le rapport entre Booba et La Rumeur ? Je ne vois pas les choses de manière géographique.

Je trouve le Hip-Hop en province plus acéré politiquement !

Les puristes me disent que je ne fais pas de rap. Au-delà de la pratique artistique, j’ai essayé de garder l’esprit originel du mouvement « peace, unity & having fun ». J’aime ce truc de base qui nous dit qu’on peut s’amuser et amuser les gens en racontant des choses pas trop connes et en faisant bouger des lignes. L’important c’est de ne pas se tromper de tribunes !

Quel est le principal problème quand on est un artiste engagé ?

Ça te coûte infiniment plus que ça ne rapporte ! Ça te ferme des portes. Tu as des gens qui t’accusent d’utiliser un fond de commerce ! Tu es doublement perdant. Mais nous on ne sait pas faire autrement ! Si tu es honnête et que tu vas à fond dans la poésie ou dans la parodie et que musicalement tu es en phase avec toi-même, il y aura toujours des gens qui te suivront !

Willy Richert