Invités RIFFX : Christophe Palatre et Frédéric Junqua présentent le Prix Joséphine

Imaginé par Christophe Palatre et Frédéric Junqua, le Prix Joséphine des Artistes débarque comme un souffle bienvenu dans le paysage musical français. Récompensant avant tout la création et la qualité artistiques, tous styles et tous types dartistes confondus, ce prix est plus que nécessaire en 2022. Avant de découvrir lidentité de lalbum-lauréat le 23 septembre, en direct de la Maison de la Radio et de la Musique, lors de la cérémonie qui sera diffusée sur FIP à partir de 21h00, RIFFX est parti à la rencontre des deux fondateurs du Prix Joséphine.

Bonjour Christophe et Frédéric, vous êtes les deux fondateurs du Prix Joséphine, dont la 1ère édition se déroule en 2022. Quels sont vos parcours respectifs ?

Christophe : J’ai un peu plus de vingt ans d’expériences au sein de différents labels en France. A la fois des labels indépendants, comme Virgin où j’ai débuté ma carrière, jusque des labels au sein de majors. Pendant une dizaine d’années, j’ai été à la tête du label Parlophone. Ces expériences dans le milieu de la production m’ont permis de côtoyer plein d’artistes, de genres musicaux et de parcours différents : des premières signatures comme des artistes avec plusieurs années de carrière. J’ai été également président des Victoires de la Musique pendant deux années consécutives ce qui me procure une certaine expérience dans l’organisation d’un prix et de bien mesurer les attentes.

Frédéric : Mon parcours se partage entre le cinéma et la musique. Le premier poste dans la musique a été chez Virgin France, c’est d’ailleurs là où l’on s’est connus avec Christophe. Je m’occupais d’abord du développement international puis du label Virgin France. Ensuite, j’ai fait un intermède de production cinéma à Gaumont, au total j’ai produit trois films. J’ai connecté ces deux activités en indépendant, à travers le métier de superviseur musical, c’est-à-dire la direction artistique et la production de la musique d’un film. J’ai travaillé sur une cinquantaine de longs-métrages à date, et en parallèle j’ai fondé les éditions musicales Kitsuné avec Gildas Loaëc, le fondateur de Maison Kitsuné. Nous avons une activité éditoriale qui accompagne celle du label et qui est principalement dévouée à des artistes en développement.

Vous êtes désormais unis dans une nouvelle aventure : celle du Prix Joséphine. Quels sont les origines du projet ?

Frédéric : La réflexion vient d’une part de notre sentiment que la production musicale en France connaît un nouvel élan, un nouveau dynamisme, grâce aux moyens de production qui ont changé, mais aussi à la croissance organique du streaming et à une génération d’artistes qui prend plus de risques. Il y a un décloisonnement des genres dans le milieu. Face à cette ébullition dans la création et avec de plus en plus d’artistes qui se tournent vers l’international, il manquait un prix qui puisse rendre compte de ce dynamisme, célébrer la qualité et la créativité des différentes scènes françaises. On ressentait une frustration, y compris chez les artistes qu’on a consultés. C’est ça le point de départ. Autre chose : on voulait que le prix soit le plus ouvert possible : pas de genre musical, pas de catégorie, pas de niveau de notoriété des artistes… On voulait aussi qu’il puisse être de son temps en représentant la diversité de la production musicale et de typologies d’artistes.

Christophe : C’est une proposition davantage axée sur la création, la qualité artistique, et qui est menée par un jury composé d’artistes et de créateurs, ça aussi, c’est l’originalité du prix.

On peut comparer ce prix inédit en France aux Grammy Awards (Etats-Unis) ou au Mercury Prize (Royaume-Uni). Le but est-il de rendre le Prix Joséphine incontournable ?

Christophe : Pour que toute nouvelle initiative puisse porter ses fruits et que les retombées soient intéressantes, il faut effectivement une certaine pérennité et des rendez-vous à répétition. Cette année, on montre qu’on peut à la fois avoir la validation du secteur et le soutien d’acteurs importants, avoir des partenaires aussi puissants que le Crédit Mutuel à nos côtés, être capables de monter un comité de sélection, organiser un concours. Bien évidemment, l’idée est d’essayer de progresser d’année en année et voir comment on peut rendre ce prix encore plus attrayant à la fois pour les artistes mais aussi pour le public.

Frédéric : Il y a aussi le fait que les personnalités du comité de sélection et du jury d’artistes comptent en France, elles ont une expérience, un parcours vraiment intéressant et dans la sélection, le palmarès, on trouve des propositions hyper qualitatives. Les premiers à nous avoir dit que cette sélection tenait les promesses de la diversité et de la qualité, ce sont les artistes et les professionnels du secteur. C’est l’un des éléments qui étaient essentiel pour nous et c’est possiblement un marqueur pour la suite.

Dès cette première édition, le Crédit Mutuel – qui donne le LA depuis 20 ans à la musique – s’associe au Prix Joséphine. C’est important d’avoir un soutien comme celui-ci ?

Frédéric : C’est décisif parce qu’au départ notre intuition de ce prix s’est fondée sur une approche d’abord des labels, des producteurs, des artistes et aussi un investissement personnel. Quand on voit que le Crédit Mutuel a justement vingt ans d’activités dans le secteur, le fait qu’il vient mettre son imprimatur sur cette initiative, cela montre qu’elle est cohérente et complémentaire avec ce qui existe déjà. Qu’elle a à la fois sa place et ne vient pas empiéter sur d’autres initiatives, donc qu’elle a son utilité.

Christophe : En dehors du fait que ça crédibilise notre démarche d’avoir le Crédit Mutuel à nos côtés, de façon concrète, ça nous a aussi permis d’être plus ambitieux dans sa réalisation. Avec les apports financiers du Crédit Mutuel, nous avons pu produire davantage de vidéos, mettre plus de moyens sur la captation etc. C’est important de le dire aussi.

Quelles sont les différentes étapes du Prix Joséphine ?

Frédéric : Tout a commencé fin mars avec l’ouverture des inscriptions, qui nous ont permis d’enregistrer 315 albums au total. C’est un nombre important qui montre qu’il y a eu un travail de fond auprès des labels pour les informer de l’importance et de l’utilité du prix. Une fois le comité de sélection constitué – paritaire, avec dix journalistes experts de scènes musicales complémentaires – cet énorme afflux d’inscriptions a été ramené à une sélection de 40 albums. Nous en avons fait la promotion avec une mise en scène particulière, car nous avons été frappés par le fait qu’elle soit représentative de la plupart des scènes musicales dynamiques en France : rap, pop, chanson, jazz, néoclassique, contemporain, electro etc. Les albums sélectionnés traversent tous ces genres sans appartenir forcément à l’un d’entre eux. Ensuite, cette sélection a été soumise à un jury d’artistes, à nouveau paritaire, présidé par Keren Ann qui a été l’une des premières à s’engager à nos côtés, avec de jolies personnalités : Imany, Oxmo Puccino, Chloé, L’Impératrice, Myd, mais aussi – très important pour nous – des représentants de la création avec Doriand, Guilty, Bénédicte Schmitt et Sage par exemple. C’était important que les métiers de la création soient aussi représentés dans notre jury. Tout l’exercice pour eux a été de distinguer 10 albums pour former un palmarès. Ces dix albums sont l’un des points d’identité forte du Prix Joséphine, puisqu’ils sont dans notre esprit les dix albums de l’année. Dernière étape, la cérémonie, avec l’association de nos partenaires : elle va permettre à chaque artiste de présenter un live de 6-7 minutes, en direct sur FIP, à l’issue de quoi l’album-lauréat sera décerné.

Quels sont les critères indispensables pour espérer faire partie de la sélection des 40 albums ? Puis du palmarès des 10 albums ?

Christophe : Il y a des critères communs entre le travail fait par la sélection – donc par les journalistes – et celui qui a été fait ensuite par le jury d’artistes. Ce qui est différent c’est leur sensibilité, il ne l’applique peut-être pas ou ne priorise peut-être pas de la même façon. Les critères qu’on a demandés aux comités, c’est bien évidemment de juger la qualité artistique d’une œuvre. Ça veut dire l’excellence des textes, de la composition, des arrangements, de l’interprétation, de la production, de la texture du son et tout ça empreint d’originalité, de singularité, qu’on puisse déceler une certaine audace et un potentiel de séduction qui pourrait aller au-delà de l’audience initiale. Cette dernière remarque est importante : le but du prix n’est pas de récompenser le meilleur album de jazz ou de hip-hop, mais plutôt de récompenser le meilleur album de jazz ou de hip-hop qui est réussi selon des critères évoqués et qui a aussi intrinsèquement la capacité à toucher une audience plus large que les aficionados.

Et vous, quels sont les albums du palmarès qui vous ont touché ?

Frédéric : Je pense que ça vaut pour Christophe et pour moi, ça nous a permis de découvrir nous aussi des albums et des artistes dont on n’imaginait pas la force de proposition. On a retrouvé la même excitation que celle qu’on ressentait au moment de la French Touch, une période de laquelle on a été des chevilles ouvrières, cette espèce de panache décomplexé de la production française actuelle, avec en plus une nouvelle génération de labels qui émergent en même temps, avec des directeurs artistiques qui accompagnent les artistes dans des propositions singulières. On sait que dans la musique, il y a toujours des propositions qui bénéficient de dispositifs promotionnels, publicitaires, professionnels très puissants et qui touchent un public large. Et puis il y a toujours des propositions artistiques qui viennent un peu de la marge où le seul plan promo et marketing, c’est la qualité créative du projet. Avec aussi la détermination des artistes et des entourages à y arriver. Dans ce palmarès, on a les deux familles d’artistes et je trouve que c’est très intéressant. Il n’est pas question de distinguer un album préféré mais on a de la chance de voir des artistes aux profils très différents au sein du même palmarès.

C’est quoi le programme de cette cérémonie ?

Christophe : La cérémonie se déroulera le 23 septembre en direct de la Maison de la Radio et de la Musique à Paris, sur FIP, à partir de 21 heures. On a voulu une cérémonie qui se distingue par sa musicalité : nous allons accorder une grande place à la musique, chaque artiste aura un créneau d’environ 6 minutes pour faire un titre ou deux. C’est important qu’ils aient le temps de communiquer leur univers, n’oublions pas que nous sommes là pour récompenser des albums. Plus on entend, mieux c’est. Nous aurons une présentatrice qui n’est pas que présentatrice, elle est avant tout artiste : Sandra Nkaké. Nous voulions absolument que ce soit une artiste qui puisse prendre la main sur la cérémonie. Elle sera bien sûr assistée dans cette tâche par une journaliste de FIP. Kerenn Ann, présidente du jury, annoncera le nom du lauréat qui sera choisi dans la matinée. Après cette soirée musicale, vous pourrez retrouver les performances et les moments marquants de la cérémonie sur les réseaux sociaux du Prix et de nos partenaires.