Kid Francescoli with Julia : Session et interview

Quand, en 2009, le producteur Mathieu Hocine débarque à New York, il ne sait pas encore qu’il va rencontrer Julia, l’amour, et accoucher de l’un des « concept album » les plus rafraîchissants de cette année. À mi-chemin entre pop et électro, « With Julia » retrace une histoire d’amour – de la rencontre à la rupture – sans jamais tomber dans le pathos ou la dépression. Interview et session inédite.

Comment s’est passée votre rencontre ?
Mathieu Hocine : Au départ je suis parti deux mois à New York pour découvrir la ville et faire des rencontres artistiques. J’avais donc emmené ma guitare. Julia était en stage dans un magazine et elle a assisté à l’un de mes concerts. C’est une chanteuse, elle est venue me demander de manière très directe, à l’américaine, si c’était possible que l’on collabore.

Quel est votre parcours, Julia ?
Julia : J’ai étudié la littérature, j’ai toujours été une passionnée de musique. Je chantais à l’université dans une chorale et sur quelques scènes ouvertes. Je viens plutôt du R&B et de la soul. Je suis fan de Billie Holiday et d’Aretha Franklin.
Mathieu Hocine : Il faut dire que Julia est une musicienne accomplie : elle a déjà interprété le premier rôle dans West Side Story. Beaucoup d’Américains ont ce sens de l’entertainment et savent jouer de nombreux instruments. Dès la première note chantée par Julia je suis resté bouche bée. Après quelques collaborations, j’ai dû repartir en France. Nous nous sommes revus à Marseille et à Barcelone. Après avoir enregistré une dizaine de chansons, nous nous sommes dit qu’il fallait sortir un album. Sa voix a un côté oldy, mais elle est capable de groover de manière moderne. C’est un vrai champ d’expérimentation pour un producteur électro. Ce laps de temps a duré trois ou quatre ans. On a finalisé l’album à New York, loin des affres de la nuit marseillaise.

Julia, avez-vous une culture électro ?
Julia : J’aime beaucoup Air, c’est le point de rencontre entre nos deux univers.

L’album retrace une histoire d’amour du début jusqu’à la fin, mais il reste très positif, assez lumineux.
Mathieu Hocine : C’est notre histoire qui a pris fin, certes, mais on garde de beaux souvenirs, pas de tristesse à infuser. Elle a été très intense, ce n’était que du bonheur. Donc au pire il reste de la nostalgie mais pas de tristesse.

Et quelle suite à donner à l’histoire justement ?
Julia : On continue à travailler ensemble car Kid a déjà composé des boucles et moi j’ai écrit des chansons. Mais on veut vraiment avoir un concept autour de la suite. Peut-être que la suite tournera autour de mon installation à Marseille…
Mathieu Hocine : Pour raconter une histoire, il faut la vivre.

C’est une bonne idée, Julia, de vous installer à Marseille, car il se passe beaucoup de choses là-bas.
Mathieu Hocine : Effectivement. J’ai beaucoup joué avec Nasser sur scène qui m’a remplacé au sein des Oh !Tiger Mountain, que j’ai quitté pour me consacrer au projet Kid Francescoli. Tous les trois, avec Matthieu (de Oh ! Tiger Mountain), nous avons créé un nouveau groupe qui s’appelle Husbands. Nous avons un studio commun en plein cœur de Marseille où nous sortons chacun nos albums. C’est une vraie scène qui voit le jour. Du coup, en promotion, nous parlons des uns et des autres. Le succès de Nasser sur scène nous a boosté. Nous sommes très heureux de pouvoir nous développer dans un cadre de vie magnifique. Les prix sont hypra abordables, c’est un confort de travail inouï.

Et le regard des médias parisiens sur Marseille, a t-il évolué ?
Mathieu Hocine : Oui car les journalistes aiment bien quand il y a des scènes qui explosent localement. Ça a été le cas à Bordeaux avec François & the Atlas Mountains ou à Reims avec Yuksek et Brodinski. C’est ce qui se passe maintenant à Marseille.

Un mot sur la session et votre version de My Baby ?
Mathieu Hocine : On a essayé d’adapter les deux éléments principaux qui sont les violons, joués ici par Julia sur le synthé, et les accords qui sont normalement joués au piano que j’ai retranscris à la guitare. C’est la chanson la plus pop de l’album et c’est intéressant de livrer une version acoustique et épurée alors qu’elle est ultra produite au départ !

Propos recueillis par Willy Richert

Découvrir :

Kid Francescoli – My Baby (session acoustique)

Crédit Photo : © Fabien Tijou