Le MaMA et les superviseurs musicaux : un métier d’avenir ?

Alors que les ventes de disques ne décollent plus, artistes, labels et producteurs voient dans la synchronisation un nouvel eldorado.

Apposer sa musique sur une publicité (ce que l’on appelle une « synchro », pour synchronisation) ou la diffuser au sein d’un long-métrage est, depuis le milieu des années 2000, de plus en plus courant pour les maisons de disques et aux éditeurs. A l’occasion du MaMA, plusieurs superviseurs musicaux français et internationaux se sont réunis pour parler de leur métier, en plein essor. « C’est un métier qui demande beaucoup de rigueur, et qui implique différents acteurs, des artistes aux éditeurs, des producteurs aux réalisateurs », explique Lucie Bourgouin, présidente de Permission Inc, société canadienne qui gèrent les droits d’auteurs de nombreux artistes, notamment Québécois. Pour sélectionner les musiques qui habilleront un film, plusieurs étapes sont nécessaires pour les superviseurs. La méthode la plus courante ? La lecture d’un script et le contact avec le producteur, comme l’a noté Alex Hancock, superviseur indépendant pour la société londonienne Tonic Music.

Plusieurs étapes

Un cheminement partagé par Martin Delemazure, superviseur chez Gaumont, pour le département musique : « On reçoit un scénario puis on le lit. Ensuite, on repère tous les endroits où il y a de la musique, puis on rencontre le producteur et le réalisateur. Il faut alors se tourner vers les labels et les éditeurs pour faire des estimations sur les titres que nous souhaitons voir apparaître dans le film que l’on défend. » Au centre musical FGO – Barbara, plusieurs questions ont été posées à ce propos. L’une d’entre elles a particulièrement retenu l’attention des intervenants : est-il plus facile, ou plus difficile, d’inscrire une chanson française sur un film, en France, mais aussi à l’étranger ? « Lorsque la chanson est en français, cela peut parfois venir parasiter la scène, à cause des paroles de la chanson, qui ne sont pas toujours en accord avec le film », relève Pascal Mayer, de Noodles Supervision, qui a participé à plus de cinquante long-métrages ou séries tel que La Guerre est déclarée ou Mafiosa (saison 3, 4 et 5). Alors que les chansons anglaises sont régulièrement utilisées, d’autres privilégient des instrumentaux, sans paroles ; une précision apportée par Lena Obara, superviseur au sein de la structure La Chunga.

« Un e-mail suffit »

Un métier de superviseur qui facilite le travail de sélection pour le producteur du film, qui finance le projet. « Parfois, nous préparons le travail en amont pour le producteur et il choisit les chansons, selon différents critères », enchaîne Erin Dillon, superviseur musical pour Creative Control Entertainment. Pour les jeunes artistes, la diffusion des morceaux sur des supports cinématographiques ou publicitaires est une manière d’être écoutée par le plus grand nombre, dans une époque où la vidéo est de plus en plus liée à la musique elle-même. « Lorsque vous envoyez un morceau à un superviseur, ou à une agence spécialisée dans ce domaine, n’oubliez pas d’inscrire votre nom, celui du morceau et celui de votre groupe directement sur le fichier mp3 », conseille cependant Thomas Jamois, gérant de Velvetica, société indépendante qui travaille notamment avec Pathé Production. Avant que ne conclue Matthew Safran (Filmusic Services/Core Music Agency), en offrant un conseil élémentaire, mais primordial : « Pour suggérer sa musique à un superviseur, un simple e-mail suffit. »