Le metal à fond la caisse !

Du bon vieux hard rock popularisé par Led Zeppelin à la fin des années 1960 aux riffs démoniaques de Morbid Angel au début des années 1990, le metal n’a cessé d’évoluer et de faire des adeptes. Tour d’horizon.

Août 1964. You Really Got Me des Kinks tourne en boucle sur les ondes. Avec son riff de guitare distordu et agressif, le morceau est encore considéré aujourd’hui comme le premier titre heavy metal de l’histoire. Quatre ans plus tard, les Beatles apporteront leur pierre à l’édifice avec Helter Skelter sur lequel s’égosille Paul McCartney. Entre-temps, Jimi Hendrix, le Cream d’Eric Clapton ou Blue Cheer ont eux aussi posé les bases du hard rock à grand renfort de guitares électriques et de rythmiques énergiques. Mais c’est avec le premier album de Led Zeppelin, paru en janvier 1969, que le mouvement va acquérir ses lettres de noblesse. Mêlant habilement blues et rock énervé, le groupe de Jimmy Page écrit d’emblée la légende, porté par la voix aiguë de Robert Plant et la puissance d’un duo basse/batterie considéré comme l’un des meilleurs de l’histoire du rock.

BLACK SABBATH, AUX ORIGINES DU METAL

Nombreux sont les groupes qui vont ensuite s’engouffrer dans la brèche. Si Deep Purple, avec l’album « In Rock » (1970), est régulièrement cité, Black Sabbath reste le nom associé à la naissance du heavy metal avec son album éponyme, sorti en février 1970. Son lourd et massif, riffs monolithiques, textes fantastiques faisant référence au diable, tous les ingrédients sont là pour faire de la bande d’Ozzy Osbourne les héros de toute une génération. Aujourd’hui encore, la plupart des groupes de doom metal et de stoner rock, deux branches de l’arbre Metal, se réclament de leur influence.

CORNES ET CHEVEUX LONGS

Tout au long des années 1970, le hard rock va tantôt se grimer (avec Kiss et Alice Cooper, qui fusionnent glam et hard rock pour donner naissance au shock rock et à ses prestations scéniques extravagantes), tantôt mettre en avant ses racines blues et rock’n roll (avec AC/DC, Aerosmith), jusqu’à se métamorphoser complètement avec l’arrivée de groupes issus de la « nouvelle vague de heavy metal britannique » (NWOBHM) à la fin de la décennie. Motörhead, Iron Maiden ou Judas Priest réinventent le hard rock en accélérant les tempos et en jouant plus fort encore. C’est à cette époque que se popularisent le look et l’attitude de l’amateur de metal : cheveux longs, vêtements sombres ou au contraire carrément bariolés, cornes mimées avec l’index et l’auriculaire (geste intronisé par Ronnie James Dio, le chanteur de Rainbow) et headbangs furieux pendant les concerts sont désormais de mise.

TOUJOURS PLUS VITE, TOUJOURS PLUS FORT

L’album « Kill’Em All » (1983) de Metallica signe l’acte de naissance du trash metal, genre auquel sont rattachés des groupes comme Slayer et Megadeth. Metallica, qui a vendu plus de 200 millions de disques, est aujourd’hui le groupe de metal le plus connu au monde grâce au succès commercial du « Black Album » (1 991). Parallèlement, le groupe Guns N’ Roses, inspiré par le hard rock traditionnel, connaît un succès phénoménal avec « Appetite for Destruction » (1987) en proposant un son taillé pour les radios et en se distinguant par une attitude rock’n roll et excessive.

DEATH, BLACK ET NU METAL

Vers la fin des années 1980, d’autres groupes vont tracer leur route en dehors des sentiers battus. Du trash découleront notamment le death metal (popularisé par Morbid Angel ou Obituary) et le black metal, l’un des courants les plus extrêmes, particulièrement populaire en Scandinavie avec des groupes comme Mayhem et Emperor. Enfin, dans les années 1990, Rage Against the Machine ou Korn, dont les clips passent en boucle sur MTV, connaissent des succès retentissants. Ces groupes de metal alternatif et nu metal, qui fusionnent de nombreux styles, achèvent de populariser une musique qui compte aujourd’hui de nombreux fidèles. Ils sont d’ailleurs 150 000 à se rendre chaque année à Clisson (Loire-Atlantique) pour le Hellfest, désormais considéré comme l’un des plus grands festivals metal du monde.

Alexis Hache