Le son made in France s’exporte

Qui a parlé de crise du disque ? L’arrivée de la musique en ligne et la mort annoncée du CD ont secoué sérieusement la pulpe de l’industrie du disque mais elles ont aussi ouvert de nouveaux horizons pour une génération d’artistes français qui se découvre des fans à l’étranger.

C’est comme si la dématérialisation de la musique avait fait tomber les frontières ! Le monde s’ouvre aux artistes et aux sons produits dans l’Hexagone. Jain fait chavirer les Espagnols avec Come et Makeba et trace sa route aux Grammy Awards. Imany affole les compteurs en Pologne alors que Petit Biscuit a réussi à passer le cap des 100 millions de streams sur Spotify (une écoute fortement concentrée aux États-Unis, au Canada et en Allemagne).

NOUVELLES FRONTIÈRES

Comment expliquer ce coup de boost pour les Frenchies ? Tout simplement parce que les sons circulent plus librement sur la toile, de playlist en playlist sur les plateformes de téléchargement, en mode random sur YouTube ou SoundCloud. Voilà comment en Australie des fans d’électro peuvent découvrir sans effort Møme ou Madeon, en se laissant porter par les algorithmes de leur ordinateur ou de leur téléphone. Ensuite, c’est le coup de cœur qui fait le succès, et il sourit de plus en plus aux Français. En deux ans, les ventes à l’étranger des productions françaises ont grimpé de plus de 10 % et la tendance ne fait que s’amplifier. En 2016, quinze albums ont dépassé le cap des 50 000 exemplaires vendus à l’étranger et 23 singles ont obtenu la certification export, c’est-à-dire l’équivalent de 10 millions de streams en dehors de France !

TOP DES FRENCHIES QUI VOYAGENT

L’artiste français n°1 à l’étranger c’est David Guetta. La référence du dancefloor s’ouvre à un public toujours plus large avec ses incursions dans la pop et le rap. De la Laponie à l’Afrique du Sud, le roi David est absolument partout. Et la jeune scène électro française s’engouffre dans la brèche avec les succès de Kungs, The Avener, Feder, Møme ou du duo Ofenbach. Presque vingt ans après les pionniers Daft Punk, Cassius ou Air, Il y a bien une « French Touch 2.0 » dont l’élégance fait mouche around the world.

LA FRANCE DANS LE GAME MONDIAL DE LA MUSIQUE

Les succès français à l’export génèrent aujourd’hui plus de 600 millions d’euros et la France est regardée d’un oeil nouveau par ses voisins. Reste à s’imposer par la scène, pour donner corps à cette vague tricolore. Justice ou Phoenix sont parvenus à faire vibrer les foules jusqu’aux États-Unis. La chanson rap voyage aussi depuis quelques années dans les pays francophones, en Europe et en Afrique, avec Maître Gims, Soprano, Black M ou, aujourd’hui, Willy William. Le jeune MHD, lui, réussit l’exploit de faire bouger les Hollandais ou les Allemands sur du rap en français, c’est la puissance de l’Afro trap ! Dernière preuve que le son made in France est partout. Cinquante ans après Piaf, le monde s’enflamme à nouveau pour des chanteuses de caractère venues de l’Hexagone. Après Imany et Jain, tout est prêt pour que le futur nouvel album de Christine and The Queens parte à la conquête du monde.

Christophe Crénel