Les Femmes à l’honneur : Sade

Se faire désirer et rester fidèle à soi-même : un mantra auquel Sade, en plus de quatre décennies de carrière, n’a jamais failli… et qui fait d’elle une icône, respectée des amateurs de jazz comme des fans de pop.

 

Dès les années 80, la pop a bénéficié de la suave hybridité de l’une des stars les plus discrètes du monde… Si l’on rajoute un look d’un chic fou, pas surprenant qu’Aaliyah, Missy Elliott ou encore Beyoncé se réclament de son influence.

En ce moment-même, celle dont le prénom signifie « couronnée de gloire » est sans doute en train de peaufiner un album qu’elle aurait enregistré dans le sud de la France, aux studios Miraval. Un retour inespéré, depuis le single « Flower of the Universe », paru en 2018 sur la B.O d’A Wrinkle in Time, d’Ava DuVernay, et « The Big Unknown », qui illustrait Widows, de Steve McQueen – chic, on vous dit ! Hélas, si on sait quand Sade Adu disparaît, on ne sait jamais quand elle revient. Méfiante de la surenchère médiatique, réservée quant à sa vie privée, elle a su cultiver son jardin secret. Née en 1959 à Ibadan, d’un professeur nigérian et d’une infirmière anglaise, Helen Folasade Adu est encore toute petite lorsque ses parents se séparent. Sa mère quitte le Nigéria et celle dont le diminutif sera vite Sade grandit dans l’Essex, au son de Billie Holiday et de Curtis Mayfield, et, le lycée à peu près terminé, étudie d’abord le stylisme au Saint-Martin’s College of Art of London tout en fréquentant la scène arty de Camden, où elle réside. Si elle se passionne pour la musique, c’est pour dépanner des copains qu’elle devient chanteuse d’un groupe de funk latino, Arriva. Révélation. Son timbre et de velours, sans fausse note. Elle a 21 ans et très vite, son nom fait le tour de la scène londonienne, puis britannique. Un temps choriste pour Funk Pride, qui permet de faire ses armes sur scène, elle propose au guitariste et au bassiste dudit groupe, Stuart Matthewman et Paul Denman, de s’allier avec elle pour créer un trio de jazz, aussi exigeant qu’accessible.

Ainsi naît le groupe qui porte son seul nom, ne laissant guère de doute sur sa prise de décision artistique et sa place prépondérante à la composition. Créoles, cheveux tirés et lèvres rouges complètent son chant, très vite affirmé. Car Sade sait ce qu’elle veut : raconter des histoires, Moins de deux ans plus tard, carton plein avec le tube « Smooth Operator », tiré de l’album Diamond Life (1984). Si la trame instrumentale est ensoleillée et sensuelle, les paroles, elles, dénoncent la toxicité d’un Dom Juan qui brise le cœur des femmes. Celui de Sade est quant à lui bien accroché, autant que sa tête est froide. Même en passant en boucle à la radio. La chanteuse travaille sans relâche pour que des albums paraissent très régulièrement, vendus comme des petits pains à l’international et sacrés de Grammy Awards. Mais, peu après la sortie Love Deluxe, en 1992, elle décide de prendre ses distances avec l’industrie de la musique pour se consacrer davantage à sa maternité.

Depuis, ses albums ont été rares : Lovers Rock (2000) et Soldiers of Love (2010). L’amour, le topique central de sa musique, nourrie de reggae, de soul et de jazz. En effet, Sade a toujours réussi à proposer des objets pop, accessibles, volontiers romantiques, mais sans manquer de piquant, notamment grâce à une quête sonore transcontinentale qui devrait, déployant toute ses capacités hypnotiques, porter le septième album à venir.