L’histoire en chantant

La musique adoucit les mœurs, dit le proverbe, elle peut aussi inspirer de profonds changements dans la société. Petit tout (de chant) de cinq morceaux qui ont donné le « LA » au cours de notre histoire.

1. LA MARSEILLAISE : UN CHANT INTERNATIONAL

Allons enfants de la patrie… ! Co-écrit par Rouget de Lisle en 1792, ce chant devait motiver les troupes françaises qui partaient se battre contre l’Autriche, d’où son titre original : Chant de guerre pour l’armée du Rhin. Rebaptisé La Marseillaise après la publication des paroles dans le journal du même nom, il devient chant national le 14 juillet 1795 et connaît une carrière de chant révolutionnaire… à l’étranger. En ex-URSS, c’est l’hymne des premiers communistes (1917), en Espagne, celui des républicains (1931), c’est aussi celui des socialistes chiliens et du président Salvador Allende. Au Japon, il est encore chanté par les supporters de l’équipe de foot Nagoya Grampus. Mais c’est comme intro de All You Need Is Love des Beatles qu’il a fait le tour du monde !

2. ASIMBONANGA : L’HYMNE À NELSON MANDELA

Lorsque Johnny Clegg, leader du groupe sud-africain Savuka, écrit cette chanson en 1986, c’est pour dénoncer l’Apartheid, le système politique de ségrégation alors en place. Nelson Mandela, un opposant au régime, est emprisonné depuis 1962. Les photos de lui étant illégales, personne ne sait à quoi il ressemble. D’où le titre de la chanson, qui lui est dédiée. Johnny Clegg chante le refrain en zoulou et les couplets en anglais, unissant en musique ceux que la société a séparés. En tête des ventes de disques en 1986-1987 dans le monde entier, le groupe a subi diverses interruptions de concert suivies d’arrestations dans son pays. Mais l’opinion internationale et la scène rock sont sensibilisées. En 1988, le concert « Free Nelson Mandela » donné à Londres est vu par 600 millions de personnes ! Deux ans plus tard, Mandela est libéré. Devenu le premier président noir de son pays, en 1994, il montra sur scène en 1999, pour un « Asimbonanga » très émouvant.

3. SPACE ODDITY : LA POP À LA CONQUÊTE DE L’ESPACE

David Bowie, jeune chanteur anglais au look d’extra-terrestre est fasciné par 2001, l’Odyssée de l’espace, le film de Stanley Kubrick. Il écrit Space Oddity, pour laquelle il invente le personnage de Major Tom, astronaute perdu dans les étoiles. Quand, en 1969, Neil Armstrong est le premier homme à marcher sur la Lune, la BBC diffuse la chanson de Bowie en fond sonore. Sa carrière s’envole comme une fusée ! Et Space Oddity, morceau désormais culte, est même entendu dans l’espace. En 2013 Chris Hadfield, commandant de la station spatiale internationale, a diffusé sa propre version avant son retour sur Terre : 30 millions de vues sur YouTube. Un buzz littéralement intersidéral !

4. WE ARE THE WORLD : UN HIT POUR AIDER L’AFRIQUE

En 1985, une terrible famine décime l’Éthiopie. Émus par le sort de millions d’Africains, Michael Jackson et Lionel Richie co-écrivent et enregistrent We Are the World en réunissant, sous le nom de USA for Africa, une cinquantaine des plus grandes stars de l’époque. Du jamais-vu ni entendu ! Avec plus de 20 millions d’exemplaires écoulés dans le monde, c’est le titre le plus vendu de l’histoire de la musique pop. 63 millions de dollars sont récoltés, intégralement reversés à l’aide humanitaire. Sur leurs pas, en France, Coluche demande à Jean-Jacques Goldman de lui composer une chanson « caritative » afin de collecter des fonds pour les Restos du Coeur. Ce succès donnera naissance à la troupe des Enfoirés.

5. IMAGINE : UN MESSAGE DE FRATERNITÉ UNIVERSELLE

En pleine guerre du Vietnam, en 1961, John Lennon enregistre cette « balade pour la paix » au piano. « Un message politique enrobé avec du miel », dit-il, et écrite à partir d’un poème de sa femme, Yoko Ono. L’ex-Beatles incite à penser un monde sans frontières ni religions ni biens matériels. Naïf ? Idéaliste, certainement, mais aussi inspirant. L’ex-président américain Jimmy Carter a confié que « parmi les 125 pays qu’il avait visités, on entendait Imagine presque aussi souvent que l’hymne national ». C’est la deuxième chanson préférée des Britanniques. La troisième plus importante de tous les temps pour le magazine Rolling Stone. New York a rendu hommage à John Lennon avec un mémorial orné d’une mosaïque et du mot « Imagine », placé à Central Park, près de l’endroit où il habitait. Son message de paix à jamais gravé en chacun de nous.