Louise Attaque est de retour

Louise ré-Attaque le front de la musique en sortant un nouvel album, plus de dix ans après le dernier. Amputé d’un membre et sous le joug encore lourd de l’étiquette du groupe rock ayant totalisé le plus grand nombre de ventes, le désormais trio trace une route bien plus pop et sophistiquée qu’auparavant. Ils ont grandi, leurs auditeurs aussi.

C’est donc quadra mais en trio que Louise Attaque reprend du service. Il faut dire qu’il se sera fait attendre, ce quatrième album, « Anomalie », virage inattendu dans le temps et dans la forme. Plus de dix ans après « À plus tard Crocodile », le batteur originel Alexandre Margraff claque la porte du groupe sur le point de remonter en selle, a priori en désaccord avec la couleur électro-pop votée par les autres membres. Peut-être même que certains fans bouderont de la même manière pendant que, selon la coutume qui veut que l’on n’a ni le droit de refaire la même chose ni celui de changer, les critiques professionnels n’hésitent pas à rechigner. Et pourtant le nouveau-né n’a rien pour porter sa disgrâce, solide galette qui mêle la sophistication et l’inspiration. Il est même une bonne surprise si l’on tient compte des diverses tentatives de groupes à revenir dans la lumière.

Des mélodies toujours aussi efficaces
Pendant cette décennie, les membres de Louise Attaque n’avaient pour autant pas disparu. Menant des projets parallèles et une carrière solo pour le chanteur Gaëtan Roussel, leurs routes se sont enrichies pour mieux se retrouver autour de cette « Anomalie »de parcours. Un album qu’ils ont d’ailleurs mis également dans les mains d’un tout jeune producteur anglais, Oliver Som.
Moins frontal que dans leurs jeunes années, moins dans l’emballement d’une vitesse énergique, d’un violon très présent et rageur, ce disque brille comme un bijou ciselé là où ses prédécesseurs portait l’éclat des diamants bruts. Les ordinateurs se casant plus ou moins dans les places laissées vacantes, habillant les vides mais se faisant discrets dans les déliés, dessinent sans défigurer. Parce qu’au fond, l’ADN de Louise Attaque reste là, en filigrane des mélodies efficaces et de la rocaille de la voix de Gaëtan Roussel. La signature se mêle à présent à des délicatesses et à des prouesses que seule l’expérience peut tricoter. Une satanée belle ombre de Bashung par exemple pour qui Roussel avait travaillé en 2008, ombre qui devient même fantôme qui ne se cache pas sur le titre Les Pétales qui en prend le phrasé exact et l’approche du grain de voix.

Quelle Anomalie !
Mais il y a également dans « Anomalie » de l’épique dans les envolées, des essoufflements rock français, des amplitudes de sons et des saupoudrages de boucles, des parties sombres et des lumières ténues. À l’épicentre des paroles se niche la notion de temps passé, de temps perdu, de temps suspendu. Des secondes marquantes d’une vie aux ères inchangées de l’humanité, tout y est égrené dans un chapelet de sentiments de troubles, de regrets et de trop grande conscience. La vie file, les soirées parisiennes d’antan ne sont plus, mais la mort n’est pas pour aujourd’hui. Et certainement pas celle de Louise Attaque.

Marjorie Risacher

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Louise Attaque – Anomalie

Crédit Photo : © Yann Orhan

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