Love & Mercy, la véritable histoire de Brian Wilson des Beach Boys

Jeunesse, bouillonnement créatif, chaos et médicaments en Californie : la vie du génial songwriter des Beach Boys racontée dans un film audacieux et émouvant. En salles depuis le 1er juillet.

On ne compte pas le nombre de biopics médiocres qui encombrent régulièrement les écrans de cinéma : sans idées de mise en scène, calquant leur narration sur un déroulé chronologique attendu, parfois bêtement hagiographiques, leur intérêt est souvent limité. Et quand ils prétendent évoquer le parcours d’un musicien, ils s’intéressent rarement à la musique, ses secrets et sa magie. Autant dire que Love & Mercy est une heureuse surprise.

Génie tourmenté
Le film raconte l’histoire de Brian Wilson, le leader des Beach Boys, auteur de dizaines de tubes qui furent la bande son des années 1960 et plus encore. Plus précisément, le réalisateur Bill Pohlad a choisi de se concentrer sur deux périodes précises de cette histoire : celle qui vit la naissance du chef-d’œuvre « Pet Sounds » suivi du début d’une grave dépression et de troubles psychiques (entre 1965 et la fin des années 1960) et – vingt ans plus tard – celle où il est sous l’emprise du « docteur » Eugene Landy, faux psychiatre mais vrai manipulateur, dont une femme va tenter de l’extraire (entre 1985 et la fin des années 1980). Brian Wilson est successivement incarné par Paul Dano puis John Cusack, l’un et l’autre remarquables de justesse. Les deux périodes sont habilement mélangées et se font écho grâce à un montage sensible et intelligent.

Un vrai film sur la musique
Ce biopic ne s’encombre pas de panneaux explicatifs ou d’indications de dates, faisant confiance à sa seule mise en scène pour emporter le spectateur. Au patient travail de reconstitution historique, s’ajoutent quelques belles trouées plus abstraites et un amour palpable pour la musique dont il arrive à retracer le processus créatif. Au-delà du trajet incroyable et bouleversant de Brian Wilson, c’est sans doute l’aspect le plus émouvant du film : avoir reconstitué les séances d’enregistrement de « Pet Sounds », chef-d’œuvre baroque de l’histoire de la pop, conçu et agencé par un jeune homme qui bientôt perdra pied. Il est rare de voir s’incarner pareillement la musique à l’écran, de la voir prendre forme. Celle, sublime, de « symphonies adolescentes adressées à Dieu ».

Vincent Théval