Patrick Watson : Love Songs For Robots

Pour son cinquième album le Canadien Patrick Watson, chanteur de son groupe éponyme, livre un disque complexe et étrange. Voulant, selon ses déclarations, marier la mécanique des émotions à son amour pour la science-fiction et la science tout court, il a abandonné les arrangements classiques pour des claviers et des effets d’une autre délicatesse. Délaissant par la même occasion son studio montréalais pour enregistrer en grande partie à Los Angeles, il a également opté pour un son léché et impeccable.
Et pourtant le côté remarquable de « Love Songs For Robots » ne réside pas dans ses arrangements qui, au bout du compte ne sonnent que comme un décorum luxueux. On en retiendra bien plus la construction des morceaux souvent longs et évolutifs, la croisée des genres qui jettent le flou entre la pop, le folk, le blues, le jazz et un expérimental bizarre. On y repère des intros et des ponts à la Mercury Rev, des passages semblant inspirés par Sufjan Stevens, des longueurs cinématographiques et une sixième piste sonnant comme un interlude du genre OVNI.
Parfois un tantinet monotones, parfois enlevées, les chansons se succèdent sans vraiment se ressembler, formant au bout du compte un package un peu déstabilisant que l’on a parfois un peu de mal à suivre. Les émotions sont rares et l’on se demande si Patrick Watson n’a pas bien plus démontré ici la mécanique de la pensée. Mais le travail est minutieux, la voix passant de l’écorché au fausset toujours un bonheur à entendre. Et certains titres comme le magnifique Bollywood à l’ossature digne des vrais rocks progressifs d’antan, l’intelligent Good Morning Mr. Wolf, ou l’incroyable Turn Into The Noise, sont des narrations dans lesquelles on plonge en apnée attentive.

Marjorie Risacher

Découvrir :

Patrick Watson – Places You Will Go

Crédit Photo : © Clyde Henry

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