Ramona Cordova, voix et mélodies funambules

Sept ans après un premier essai rangé dans la case folk, l’Américain Ramona Cordova revient avec Quinn To The New Relationships, un album gracieux où sa voix androgyne guide des mélodies et des arrangements de toute beauté.

Sept années se sont écoulées entre deux albums. Qu’avez-vous fait pendant tout ce temps ?

J’ai surtout cherché des endroits où je me sentais bien, pour faire ma vie. J’ai beaucoup voyagé. Après mon premier disque (Ndr : The Boy Who Floated Freely), j’avais envie de refaire un album tout de suite. J’avais commencé à écrire de nouvelles chansons et à enregistrer des petites maquettes. Mais à mon retour aux États-Unis, je suis tombé amoureux, j’ai rencontré quelqu’un avec qui j’ai fait un long voyage : on a traversé tout le pays pour nous installer finalement en Alaska. Là, ça a été une période où j’étais trop occupé pour penser à la musique. C’était une tentative d’avoir un mode de vie alternatif et ça m’a pris beaucoup de temps : bricolage, menuiserie… tout ce qui est nécessaire pour s’établir dans une cabane, fabriquer un lit tenu par des poulies parce que l’endroit était tout petit… Il fallait faire des choses pratiques pour que ce soit confortable. Après cette période en Alaska, ça a été difficile de me concentrer sur la musique parce que je n’avais pas d’endroit à moi. J’ai parfois dormi dehors. Ce n’était jamais le moment de faire des chansons parce que j’avais d’autres choses à régler, plus importantes. Jusqu’au jour où j’ai eu l’opportunité de revenir en France, à l’invitation du festival Le Printemps de Septembre à Toulouse. Là, ça a été plus facile de travailler sur un nouvel album, à proximité du label et des musiciens.

Est-ce que les différentes expériences – parfois difficiles – que vous avez vécues pendant ces années ont nourri vos textes ?

Non, parce que les chansons du deuxième album ont pour l’essentiel été écrites entre 2005 et 2008. Les deux dernières datent de 2010 et elles parlent plutôt de la fin de ma relation amoureuse. Après, je n’ai pas vraiment eu l’opportunité de réfléchir à ce qui s’était passé et à l’intégrer dans mes nouvelles créations. Mais je suis prêt aujourd’hui. J’en ai envie.

Vous écrivez beaucoup ?

Non, je ne suis pas prolifique. Si j’ai une idée pour un projet, ça va me stimuler. Par exemple, je vais écrire une bande originale de film. Sinon, c’est le travail avec les autres qui me pousse. Par ailleurs, j’ai pris beaucoup de distance avec mon ordinateur, un vieux Mac de 2005 que je continue à réparer régulièrement et qui marche toujours. À la place, je voudrais expérimenter avec des K7, faire comme avec un vieux « quatre pistes ».

Y a-t-il des artistes dont vous vous sentez proche aujourd’hui ?

Oui mais pas forcément en termes musicaux, plutôt en termes de sensibilité ou d’émotion : des gens comme Lykke Li ou Beach House, notamment. Quand j’étais adolescent, deux groupes m’ont donné envie de faire des tournées : MxPx et Saves The Day, l’un et l’autre très émotionnels et sensibles. J’adorais, je regardais les photos. Et ça a été un déclencheur pour tourner.

Vincent Théval

Découvrir :
Ramona Cordova – Horses

Disiz : transe-lucide

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