Sweat Like an Ape. Punk & pop

Sweat Like an Ape transpire l’énergie et la danse avec un drôle de cocktail de punk, de rock et de pop. Pour son premier album « Sixty Sinking Sailing Ships » ce quatuor bordelais propose neuf titres inspirés et sacrément réussis, se baladant aux frontières des genres et des périodes, rajoutant au jardin anglais un peu de terre d’Afrique, mêlant un côté old school à un carburant moderne, offrant le mélodique avec la tension. C’est vitaminé au possible et formidablement bien interprété. Rencontre avec Sol Hesse, le chanteur de la formation qui n’économise pas plus sa voix que son tonus musical.

Votre album est plein de reliefs et débute post-punk pour terminer dans des climats plus post-rock. Vous vouliez une évolution à l’écoute ?
On se retrouve tous les quatre là-dessus, des fois on écoute des disques en se disant qu’ils sont super chouettes mais qu’il y a peu de contrastes. Et nous on aime bien l’idée qu’il y ait un voyage à travers l’album, qu’on ne soit pas dans un climat unique. En fait il y a une cohérence de son et d’ensemble. Chacun tient un seul son pendant tout le disque, par exemple moi je n’ai qu’un seul son de guitare. Mais en effet l’idée c’est de faire avec ça. Un voyage tout au long du disque. Que cela ne semble pas monocorde.

Même à l’intérieur d’un titre le contraste est là. On entend sur un son punk une guitare très mélodique pop ou puisée au son de l’Afrique…
J’avais effectivement envie d’exploiter un son un peu clair, avec de la réverb et très mélodique. Et puis à une époque j’écoutais beaucoup un guitariste africain qui jouait des mélodies très détendues. Il y a là-dedans une fragilité, une humanité. On adore tout ce qui est de l’ordre de l’afro-jazz, de l’afro-funk mais on n’avait pas du tout envie de monter un groupe dédié à cette musique. Notre culture allait naturellement ailleurs, en revanche c’est ressorti d’une autre manière à travers ce que l’on fait.

La rythmique basse-batterie est très présente. C’était votre ossature de départ ?
C’est vrai qu’il y a une espèce de principe où la basse-batterie s’arrête très peu. Cette base vient en effet poser une ossature solide. Les guitares volent un peu au-dessus, cela peut être du mélodique, du contre-chant ou même de l’incisif, la rythmique porte tout ça. Et puis il y a même des morceaux qui sont partis de là, comme une tournerie de basse qu’apportait Arno, de la même manière qu’un titre peut naître d’une tournerie de guitare. En fait je crois que le groupe fonctionne parce que chacun a un rôle précis qu’il connaît, quel que soit le déclic du début. Par exemple quand je propose un thème de guitare en premier, il ressemblerait de toutes les façons à ce que je ferais si la basse ou la batterie étaient arrivées avant.

La musique tient beaucoup de place dans l’album, jusqu’à avoir une plage instrumentale… c’est un disque de musiciens avant tout ?
Je ne sais pas. Mais ce qui est sûr c’est que l’on aime bien faire respirer la musique, que quand le chant arrive, par exemple, cela prenne un certain sens et une ampleur. Il y a même des moments où les guitares s’arrêtent et où on n’entend plus que la basse et la batterie… tout ça ce sont des histoires de ponctuations, de respirations et ces choses-là, on les pense beaucoup. C’est une part vraiment importante dans notre façon de composer.

Votre chant est très narratif même quand vous ne répétez qu’une seule phrase jusqu’à l’usure…
J’ai toujours fonctionné comme ça. J’écris mes paroles, j’aime bien me projeter des histoires et, même si je n’ai pas envie d’en raconter une du début à la fin, j’aime bien qu’il puisse y avoir une sensation d’histoire, une suggestion narrative. Cela vient peut-être du fait qu’au départ j’ai fait des études de cinéma, je voulais faire des films… j’ai terminé scénariste de bandes dessinées. Peut-être que tout cela est intimement lié mais en tous les cas j’aime bien projeter des personnages à qui il arrive des trucs mais sans les fixer, j’aime vraiment bien l’idée que cela soit une suggestion.

Propos recueillis par Marjorie Risacher

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Sweat Like An Ape ! – APE