Mai
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Après le succès de Robin Schulz, The Avener s’impose comme le leader d’un mouvement passionnant : le reworking. Son premier album « The Wanderings of the Avener » remet au goût du jour la deep house, renvoie l’EDM dans les cordes et ralentit sérieusement le tempo. Rencontre avec le producteur niçois qui convoque John Lee Hooker et le Sugar Man Rodriguez sur l’album événement de ce début d’année !
Vous reconnaissez-vous dans l’adage « Il faut dix ans pour être connu du jour au lendemain?
Oui tout à fait. Beaucoup de gens de ma famille me le répète régulièrement depuis la sortie de Fade Out Lines (classé n°1 un peu partout en Europe). Maintenant, dans le milieu artistique il faut être travailleur, courageux et se relever de tous ses échecs. Le talent n’est qu’une infime parti du succès. Il faut savoir se remettre en question, mettre son ego de côté et écouter les conseils. Mais au final c’est toi qui décide. J’ai perdu beaucoup de temps à écouter des conseils et ça a failli me perdre mais je suis toujours là car je fais enfin ce qui me correspond ! »
Peut on parler d’un album pop ?
Ça me correspond bien. J’ai essayé de mixer toutes mes influences et ce travail de reworking me passionne vraiment. Cet album a été pensé pour être écouté à tout moment de la journée : c’est de la musique dansante mais non-obligeante ! Donc on peut parler de pop, de deep house, de chill out… C’est une vision de DJ et de mélomane !
Quelle différence faites vous entre le reworking et le remixe ?
Un remixe est une demande : Coldplay sort un morceau et demande à Avicii de faire un remixe. Le reworking, c’est l’inverse. Je vais chercher les titres qui me plaisent et tout en respectant l’esprit du morceau, lui insuffler une sonorité actuelle. Je vais légèrement accélérer le rythme et retravailler les passages qui me semblent plus faibles. Le reworking est une sorte de « tribute », d’hommage ! C’est Moby qui est à l’origine de ce travail de réédition avec son album « Play » et ses samples de blues. Je me sens comme un archéologue de la musique qui découvre des cartilages de morceaux et les passe au pinceau pour les rendre encore plus beau !
Ce sont des morceaux que tu travailles depuis un moment !
Oui. Comme tout le monde j’ai un dossier « favori » sur mon ordinateur et ce travail de relecture je le faisais discrètement dans mon coin. Puis un jour on m’a expliqué que c’était possible de sortir des titres retravaillés. Ça été une libération pour moi. Je trouve passionnant de remettre au goût du jour un artiste comme John Lee Hooker. Si la génération des 15-25 ans écoutait un album de ce génie, beaucoup seraient désappointés. J’aime bien l’idée de rendre les choses accessibles au plus grand nombre ! Sans tomber dans le remixe en gardant l’essence du morceau !
Comment est venue l’idée de ce morceau avec Sixto Rodriguez, alias Sugarman ?
Je joue le morceau original depuis longtemps mais à chaque fois je vide la piste ! L’histoire de ce musicien est absolument incroyable ! Je l’ai découvert en 2007 grâce à un ami DJ qui m’a proposé de récupérer des vinyles dans un club avant qu’ils ne se retrouvent à la poubelle. Parmi eux, j’ai emmené ce 45T « Hate Street Dialogue » qui m’accompagne depuis. Rodriguez a écouté cette nouvelle version et il a adoré. Nous devons nous voir au mois de février sur Paris. C’est encore une belle histoire pour lui car ce titre va lui permettre de toucher un public plus jeune !
Le danger n’est il pas que le travail de reworking ne remplace la création de titres originaux ?
Oui bien sûr ! Mais ce n’est pas une mauvaise chose. Avec l’électro, nous sommes arrivés dans une espèce de cul-de-sac. Les DJ stars de l’EDM payés des millions de dollars composent les mêmes titres, avec les mêmes drops et les mêmes sonorités ! Le public se lasse de cette techno froide, agressive et sans âme. Je trouve que le travail de Robin Schulz sur Lilly Wood & The Prick est intéressant car ce sont les regards du producteur et du musicien qui se rejoignent. Un vrai mouvement est en train de naître qui va permettre à beaucoup de morceaux de connaître un second souffle ! Est-ce que cela va devenir un nouveau format ? Je pense que oui ! Et puis le ralentissement du rythme à 120 BPM permet d’amener des choses plus subtiles ! L’EDM a tué le dancefloor et beaucoup de DJ n’ont pas eu le courage de lutter contre cette escalade du BPM !
Comment faire vivre cet album en live ?
J’y réfléchis beaucoup ! Je voudrais être entouré d’hologrammes par exemple ! Faire « revivre » des musiciens morts pour des duos serait génial ! C’est un projet assez fou car ça n’existe pas en électro. J’ai plein d’idées mais ça coûte très cher. On y réfléchit pour l’été prochain ! Je voudrais aussi travailler sur des bandes originales de film. Du coup je composerai des titres originaux.
Propos recueillis par Willy Richert
Découvrir :
The Avener – Fade Out Lines
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