The Courteeners : Anna

Impossible de dire au fil des onze plages qui est cette Anna, brandie en titre, mais elle est sûrement née au milieu des années 1980. Parce que, comme la plupart des groupes en ce moment, les Courteeners ont cédé à la mode de cette décennie qui déferle dans un revival dont on ne peut guère échapper. Certes, il y avait déjà eu des prémices sur leur deuxième album « Falcon », sorti en 2010, mais cette fois le clou est totalement enfoncé. Exit les ballades à la guitare qui avaient charmé à l’apparition du quatuor anglais, les bras sont grands ouverts aux bandes orchestres fournies et aux claviers, et ce de manière plus ou moins heureuse.

Le single Lose Control s’en sort haut la main et prouve que l’exercice peut aussi marier Depeche Mode et Two Door Cinema Club pour danser yeux fermés et oreilles ouvertes. Il n’en va malheureusement pas de même pour tous les titres de ce troisième album qui sonne parfois plus plein de tics qu’empli de chocs. On en ressort avec un léger goût de déception et une large impression de jeunesse. Les quatre Anglais savent pourtant faire du très bon, preuve en est le répertoire offert auparavant. Mais on peut les soupçonner cette fois d’avoir fait plus parler la tête que les tripes, d’avoir moins craché que fabriqué. N’est pas chirurgien qui veut, et quand on vient de la banlieue de Manchester on devrait faire entièrement confiance à son instinct musical.

Malgré tout, l’ensemble reste d’un niveau à ne pas rougir et la voix de Liam Fray tire une fois de plus son épingle du jeu. Et puis il y a une garantie certaine, à mettre sa main droite à couper et sa gauche au feu : si Anna n’a pas les vertus d’un grand album studio, elle a tous les atouts pour être redoutable sur scène.

Marjorie Risacher

Disiz : transe-lucide

Disiz : transe-lucide