The Smashing Pumpkins : « Oceania »

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a des albums aux naissances chaotiques que l’on écoute la première fois avec prudence. Et il faut bien avouer que « Oceania » fait partie de ceux-là. Ce disque est le premier de la nouvelle formation (définitive ?) des Smashing Pumpkins, dont il ne reste de l’origine que le chanteur et guitariste Billy Corgan, mais le neuvième album du groupe. Du moins si l’on compte le deuxième volet de « Machina » jamais commercialisé mais livré en réaction gratuitement sur internet, et si l’on n’écarte pas le dernier « Teargarden by Kaleidyscope » qui devait être une œuvre de 44 titres téléchargeables un par un sur internet et qui n’aura finalement abouti qu’à dix chansons séparées en trois E.P.s.

Billy Corgan est donc revenu aux méthodes plus traditionnelles malgré ses coups de griffe au support disque qu’il juge obsolète : « Oceania » est un objet classique de treize plages. Sorti avec plus de six mois de retard, il avait été annoncé par son créateur comme étant le meilleur album de Smashing Pumpkins. Et quand on connait le penchant mégalo de Billy Corgan cela rend précautionneux. Mais l’on connait aussi son talent, celui qui a définitivement marqué au fer rouge le rock alternatif dans les années 1990. Et force est de constater qu’il a raison en partie.

« Océania » n’est peut-être pas le meilleur album du groupe, mais sans conteste, il nous replonge, enfin, dans ce que les destructeurs de potiron savent faire de mieux. Un peu moins métal, offrant des singles efficaces, n’écartant pas les amoureux de slows, ni ceux du grunge métalleux d’il y a 20 ans, se pliant à l’incontournable plage fleuve et épique : il n’y a rien à dire, l’élève Corgan est décidément bien plus appliqué qu’on pouvait le craindre. Surprise et soulagement pour les amoureux du genre.

Marjorie Risacher