Mai
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Le deuxième album d’Anna Calvi remet les pendules à l’heure. Alors que son éponyme sorti en 2011 la faisait passer pour un phénomène de mode et un objet de buzz, elle revient avec la preuve assez épatante qu’il n’en est rien. Plus osé, plus original et plus rempli de nuances, One Breath convainc que l’on tient là bien autre chose que la chouchou branchée et éphémère d’un temps.
La demoiselle fait toujours un rock classieux et tendu, mais au fur et à mesure des plages, le spectre des émotions ouvre des bras très larges, le ton devient plus personnel, interne, voire mystique. Toujours mélodramatique Calvi se fait pourtant plus magistrale, climatique et cinématographique. La narration musicale s’enrichit de ponts et de ruptures qui nous cueillent par surprise : tantôt bruitistes et mordants, tantôt symphoniques et orchestraux, les genres se mélangent avec bonheur. Même sa voix connaît plus de nuances passant de l’écorché tranchant aux murmures susurrés. Tâtant autant de l’expérimental que du commun, One Breath devrait se traduire au pluriel tant on y trouve de quoi entendre. Rien que le titre générique se décline en un éventail de trois volets et finit dans une explosion avec orchestre de poche ou de chambre pour mieux s’enchaîner sur un morceau brut de guitares incisives et de rythmiques lourdes. L’Anglaise réunit en un seul disque la totalité des icônes qui ont éclairé sa vie : la folie de Nick Cave, la beauté de Jeff Buckley et la liberté de Debussy. Jusqu’au The Bridge final, céleste et quasi religieux, qui nous laisse un peu pantois et planant. Et ils sont rares les albums qui n’ont leur valeur que dans leur globalité et non pas dans un single mis en avant qui ne restera toujours qu’un petit morceau d’un tout.
Alors c’est vrai, Anna Calvi reste très énigmatique et laisse encore un goût de papier glacé et de propreté absolue, malgré ses dérives et ses morsures. Mais dans son (trop) grand souci de produire à la perfection elle a réussi à pousser les limites de l’attendu pour faire montre d’un grand talent.
En un souffle peut-être, mais cette fois c’est le nôtre qu’elle a su couper.
Marjorie Risacher
Découvrir :
Anna Calvi – Eliza
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