Björk, reine de New York

Ce printemps, Björk fait de New York son terrain de jeu, en accompagnant la sortie de son nouvel album par des concerts exceptionnels et une exposition au MOMA, l’un des plus célèbres musées d’art moderne du monde.

À une époque où la musique circule et s’écoute en ligne, il n’est pas facile pour un label de garder la main sur son planning promo. Björk en a fait les frais en janvier, quand son magnifique « Vulnicura » a été piraté, se trouvant d’un coup disponible deux mois avant sa date de sortie officielle. L’Islandaise avait alors choisi d’en avancer la sortie numérique. Mais c’est en mars que ce neuvième album sortait en CD et en vinyle. Une séries d’événements new-yorkais célèbre cette renaissance : d’abord une exposition au fameux MOMA consacrée aux aspects musicaux et visuels de son parcours depuis le milieu des années 1990. Soit une balade en immersion musicale au sein de la riche discographie de Björk, dont le point d’orgue est une installation spécialement conçue pour le lieu : Black Lake est une version longue d’une chanson de Vulnicura, dont le clip est projeté sur deux écrans qui se font face, dans une pièce qui reconstitue une grotte islandaise. Une expérience étonnante de stéréo auditive et visuelle.

Björk sur scène

Mais le plus impressionnant reste de voir Björk sur scène. Quels que soient ses choix de mise en scène, de costumes ou de répertoire, c’est toujours un moment unique. En ce printemps new-yorkais, elle propose une série de concerts dans des lieux prestigieux : les deux premiers au Carnegie Hall et les quatre autres – d’ici juin – au City Center. Le 14 mars dernier, c’est un concert en matinée que donne l’Islandaise : il est midi quand les musiciens rentrent sur la scène du Carnegie Hall, salle mythique à la fois imposante et un peu austère… à l’image du dernier album de Björk, un recueil de chansons sublimes mais souvent arides où la chanteuse met en scène sa séparation douloureuse avec l’artiste Matthew Barney. Pour les interpréter en concert : un ensemble d’une quinzaine de cordes, un batteur autrichien et le producteur vénézuélien Arca aux machines. L’Islandaise est habillée d’une étonnante robe blanche et porte une sorte de coiffe qui entoure sa tête d’une forêt d’épines translucides. Sa voix et son chant sont d’une pureté et d’une maîtrise saisissantes. Elle arpente la scène sans relâche, avec parfois d’étranges chorégraphies désynchronisées.

Pureté…

La première partie du concert est entièrement consacrée au dernier album, dont une bonne moitié des chansons est jouée dans l’ordre. Aucun décor sur scène sinon un écran où des animations recréent la dynamique et les rythmiques de la musique et où s’affichent les paroles des chansons. C’est peut-être la seule réserve sur ce concert : les sous-titres appuient l’aspect le moins réussi du dernier album : des paroles souvent trop littérales.

… et esthétisme

Plus aucun sous-titres en revanche pour la deuxième partie du concert consacrée à des chansons plus anciennes. Mais attention : aucun tube et surtout rien de trop mélodieux ! Björk est allé chercher les chansons de son répertoire qui entraient le plus en résonnance avec l’esthétique minimale du dernier album. Soit un spectacle sublime et un peu austère… qui sied donc parfaitement au lieu mais dont on se demande si l’Islandaise pourra le reproduire tel quel cet été dans les festival européens… puisqu’elle est déjà annoncée aux Nuits de Fourvière à Lyon le 20 juillet et à la Route du Rock à St Malo le 15 août.

Vincent Théval

Découvrir :

Björk – Black Lake (Trailer)