Budapest. Si loin des Balkans !

Loin des fausses pistes indiquées par son nom, Budapest sème le trouble et la graine de groupe à suivre attentivement. Originaire de Toulouse, ce quintet offre des méandres de fleuves multiples, prend des ombres protéiformes à l’aide de deux voix, l’une masculine et profonde, l’autre féminine et sensuelle. Du rock à la pop en passant par des touches de trip-hop, les guitares et la batterie sont précises et omniprésentes, le clavier endosse les points de liaison, le travail de production sent le perfectionnisme à plein nez. Après un E.P. sorti en 2010, le premier album intitulé « Alcaline » pointe enfin son microsillon. Une occasion pour rencontrer Hervé, le guitariste et créateur de la formation.

Dès le départ Budapest a été pensé comme un projet en quintet ?
Pas du tout. Au départ, en 2009, j’avais écrit pour Gaëlle, notre chanteuse, et Irwin, le clavier. C’était quelque chose d’un peu plus électro. Sauf que les pré-productions faisaient que j’avais besoin d’une batterie. Du coup Nicolas est intervenu. Quant à Olivier, l’autre chanteur, il est arrivé un peu après. Au départ c’était donc un projet assez personnel et c’est une fois qu’on était à cinq que cela s’est transformé assez naturellement en projet de groupe. Il y a donc forcément des compos que j’ai faites seul et d’autres où il y a plus de participations des autres membres.

La contrainte des deux voix, l’une masculine, l’autre féminine est-elle facile à gérer ?
C’est le point à la fois le plus excitant et le plus contraignant. On se demande à chaque morceau comment on va pouvoir trouver une voix malgré le fait qu’elles soient deux. Pour nous, la voix de Budapest, ça reste dans l’idée une seule voix. Même si actuellement on visite encore d’autres pistes de façon à ce que chacun puisse approfondir son propre univers en restant dans le son qu’on a déjà.

Vous vous définissez d’ailleurs plus dans un son que dans un genre…
C’est vrai, sur les chansons on a essayé de ne pas faire de compromis en terme de genres, de styles. On fait vraiment fonctionner les envies. Au niveau des arrangements cela peut aller dans presque n’importe quelle direction du moment où l’on a confiance dans ce que l’on fait et ce que l’on peut dire. Du coup on ne se pose jamais la question de savoir si on doit rester rock, si on doit faire jazz ou post-je-ne-sais-quoi. Quant au son un peu particulier, c’est peut-être cet apport de la guitare sur une base qui est peut-être un peu plus « électronique » ou « synthétique » même si ce n’est pas tout à fait le mot qui nous convient. Cette chaleur fait le contrepoint à toute une trame un peu trip-hop souvent liée à des choses plus froides. Mais on s’engage quand même de plus en plus dans une énergie rock alors qu’au départ c’était assez produit, il y avait beaucoup de boucles qu’on a essayé progressivement de remplacer par du matériau vivant, des parties jouées.

Les titres d’ « Alcaline » sont des chansons avec lesquelles vous vivez depuis un bout de temps sur scène, elles n’ont pas été écrites exprès pour l’album ?
Non en effet, ce sont des titres qui ont pris le temps de vivre et d’évoluer en live. Ça a été un gros travail de poser à plat les bases de chaque chanson, on voulait vraiment respecter ce qui fait la particularité de chacune d’entre-elles. Mais il a fallu se poser réellement pour fixer les choses. Et finalement, même si elles avaient déjà vécu pendant trois ans, l’album nous a permis de défendre chaque seconde de chaque chanson et nous a permis d’avoir une immersion totalement différente en live. Les parties de chacun d’entre nous paraissaient d’un coup bien plus limpides. Et au départ c’était presque ça l’idée : pouvoir défendre les morceaux le mieux possible. En se posant la question « qu’est-ce qui nous manque sur scène ? », on s’est presque dit que faire un album allait nous servir à y répondre. Et je crois qu’on y est parvenu, parce qu’aujourd’hui j’ai l’impression que nos concerts sont à la fois plus rock et plus lisibles pour les gens. Du coup pour le second album la démarche va être différente. Plutôt que de se chercher et se trouver, on va creuser un sillon qu’on a mis à jour.

Cela implique que les nouvelles compositions n’ont pas le même visage non plus ?
Absolument, maintenant le travail est plus collégial, même les textes sont écrits ensemble. On se connaît, ça y est, on sait de quel bois on est fabriqué, on a gagné en fluidité.

Propos recueillis par Marjorie Risacher

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