Christine and the Queens. Après la scène, l’album

Phénomène de la pop depuis trois ans maintenant, Christine and the Queens plante le drapeau au sommet de sa montée en sortant enfin son premier album. Jusque-là abonnée aux E.Ps, la jeune Française s’était déjà taillée une sacrée réputation d’OVNI musical. Elle avait remporté en 2012 le prix Découverte du Printemps de Bourges et celui des Premières Francos à la Rochelle. Elle avait attiré toutes les attentions lors de sa prestation aux Victoires de la Musique en 2014. Une sacrée artiste au regard et au parcours peu conventionnel.

Christine s’appelle en réalité Héloïse Letissier et les Queens sont ses musiciens imaginaires. Parce que sous ce nom de groupe se niche en réalité une seule et même personne, petit bout de femme audacieuse et atypique, reine des planches et des mondes parallèles. Se destinant au départ au théâtre, Héloïse/Christine plaque tout fin 2010 pour s’exiler à Londres, histoire de faire le point et peut-être de s’y trouver. Elle ne croyait pas si bien penser puisque c’est au fond du bar de « Madame Jojo’s », lieu culte des travestis et autres créatures de la nuit, qu’elle rencontre une poignée de drag queens qui vont lui indiquer la voie à suivre. Ce sont elles qui la convaincront de se lancer à corps perdu dans la musique, elles encore qui l’inspireront pour créer sa troupe fantôme.

Christine, chef d’orchestre

De retour à Paris, Christine and the Queens voit le jour et se fait très vite repérer via le Net sans même avoir cherché à démarcher. S’en suivent alors une longue série de prestations scéniques incroyables et trois E.Ps hors normes. De sa pop synthétique, la chanteuse se fait chef d’orchestre, seule maîtresse à bord, équipée d’un simple ordinateur. Elle transforme cette nudité peu commune en véritables performances artistiques.

De la scène à l’album

Il aura donc fallu attendre trois ans pour que la demoiselle sorte son premier album intitulé Chaleur Humaine, nom de l’une des chansons certes mais également petit pied de nez à la synthétique instrumentale qui le compose. Un disque qui se situe quelque part entre le dance floor et la chanson française. En anglais et français, l’album se visite avec curiosité au fil d’une voix étonnante et sensuelle, de textes troublants où se mêlent ambiguïtés sexuelles et douceurs charnelles. Pourtant, ceux qui la suivaient déjà ne seront pas surpris et peuvent même se demander si le concept est réellement fait pour être enfermé sur quelques pistes. Parce que ce que l’on aime chez Christine c’est cette folie qui flirte avec le génie. Or, même si la production est impeccable, le résultat irréprochable et le génie bien présent à travers des tas de petites trouvailles, la folie, quant à elle, souffre un peu des limites du format album. La maîtresse des Reines mise en cage n’a pas à rougir mais perd un peu de sa force. Même la très jolie reprise des Paradis Perdus de Christophe manque un tantinet de l’originalité qui caractérise le projet.

Ne pas oublier le live

Mais on est difficile qu’avec ceux que l’on aime bien et dont on attend beaucoup. L’inventivité de Christine and the Queens, sa démarche hors des sentiers battus, ses morceaux majeurs tels que Nuit 17 à 52 (déjà présent sur l’E.P. du même titre sorti l’an dernier), ses danses à la Michael Jackson, ses reprises revisitées, son sens de la scène, tout cela et bien d’autres choses en font une artiste rare à suivre absolument. Et à voir en concert obligatoirement.

Marjorie Risacher

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Christine and The Queens – Saint Claude

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