Electric Youth : Innerworld

Le duo canadien sort un premier album enregistré essentiellement avec des vieux synthés. En résulte un disque aux couleurs vintages et parfois cheesy qu’on se repasse pourtant en boucle. Et si on pariait que vous ferez de même ?

La première fois que nous avions entendu parler d’Electric Youth, A Real Hero hantait la bande-originale de Drive, le polar de Nicolas Winding Refn sorti en 2011. En collaboration avec College, qui fournissait alors l’instrumental, Electric Youth proposait un petit bijou d’électro-pop rétro baignant dans des synthés vaporeux et des voix évanescentes. Trois ans plus tard, le duo de Toronto sort enfin son premier album. Évidemment, A Real Hero est bien là, accompagné de onze autres morceaux tout aussi ravissants.

L’œil dans le rétro

Austin Garrick a beau s’en défendre, difficile de ne pas penser qu’il n’aime pas nous faire plonger dans les décennies passées à l’écoute de cet Innerworld synthétique aux mélodies tout à la fois sucrées, froides et immédiates, délicieux mélange qui frôle parfois le kitsch et la redite sans s’y abandonner totalement, et c’est heureux. Les airs de Tomorrow et Innocence rappellent ainsi certains tubes FM du début des années 1990 sans que l’on sache pourtant dire lesquels, signe que la patte Electric Youth est bien là, puisant à foison dans un réservoir old school d’influences variées pour en sortir un son unique en son genre.

Un album sous influences

Plus près de nous, le très beau Before Life, qui ouvre l’album, évoque M83 avec sa montée en puissance et ses accords de piano qui résonnent sur fond de boucles de synthés planantes. WeAreTheYouth nous emmène, lui, du côté de MGMT période Oracular Spectacular, le côté psyché en moins. Certaines sonorités font aussi penser à l’électro disco d’un Black Devil Disco Club, comme sur le dynamique Without You. Et quand les influences s’effacent, c’est pour dévoiler la délicate et dépouillée ballade If All She Has Is You sur laquelle la voix de Bronwyn Griffin fait des merveilles. À entendre ce morceau rêveur, on oublie vite que l’album se montre parfois un peu monochrome et on se dit qu’on lui pardonnera aisément tous ses défauts. L’illustration parfaite de ce qu’est l’écoute d’Innerworld : un plaisir coupable auquel on cède volontiers et sans lutter.

Alexis Hache

Découvrir :

Electric Youth – Innocence

Crédit Photo : © Vanessa Heins

Booba : « Futur »

Booba : « Futur »