Half Moon Run : Dark Eyes

Le groupe canadien Half Moon Run ne sera pas resté longtemps dans l’ombre. Avant même la sortie en France de ce premier album Dark Eyes, le public chantait la totalité des titres par cœur lors de ses concerts dans l’hexagone. Et Internet avait déjà fait de leur Full Circle un tube incontournable.

C’est d’ailleurs cette chanson qui ouvre un album surprenant à plus d’un titre. D’abord par le côté orfèvre de l’écriture et des arrangements : tout y est minutieux et juste, ce qui laisse pantois quand on songe au jeune âge du trio (devenu quatuor sur scène). L’écriture y est redoutable et intelligente, la voix renversante de capacités et les rythmiques presque toujours marquées au fer rouge. Mais Dark Eyes a également de quoi surprendre par le style métamorphose de leur répertoire. Les fans du titre Full Circle peuvent être désarçonnés tant le reste n’est pas à son image. Ces gars-là vous font passer sans prévenir d’un slow langoureux vintage à une pop décalée et lumineuse, d’un rock climatique ou d’une folk émouvante à une pointe de soul, d’un Unofferable qui fleure un peu le fantôme de Jeff Buckley à un Give up qui fait sacrément penser au Jigsaw Falling Into Place de Radiohead. Ce n’est d’ailleurs pas l’unique titre qui rappelle le groupe anglais. Pour preuve, le 21 gun salute final et son électronique en boucle faite avec des doigts de fée, ses superpositions de sons, de voix et de rythmiques synthétiques. Le chanteur du groupe, Devon Portielje, arrive même à transporter et convaincre les détracteurs de Thom Yorke à l’aide de sinuosités étonnantes pourtant très proches.

Mais comme Half Moon Run est loin d’être fait d’une seule palette, l’idée de la comparaison ne fait pas long feu tellement on est bringuebalé dans Dark Eyes. La manière d’interpréter est aussi multiple que le reste, et l’acoustique alterne allègrement avec l’électrique. À la première écoute on s’y perd. Mais ce qui ressemble au premier abord à une déception n’est que l’entrée en matière d’un long chemin à faire ensemble. Parce que cet album est de ceux qui deviennent très vite addictif et essentiel.

Tout simplement magnifique.

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