Joke : la nouvelle génération rap !

Rappeur Joke

Joke vient de frapper un grand coup dans le paysage assez uniforme du rap français. Ce jeune montpelliérain de 23 ans a réuni tous ses singles sur un double CD intitulé Tokyo et Kyoto. Repéré grâce aux titres « Triumph », « MTP Anthem » ou encore « Scorpion », Joke se situe à mi-chemin entre la scène électro et celle du hip-hop nourri aux grosses bagnoles, aux filles dénudées et aux excès en tous genres.
Ce qui démarque Joke de la concurrence, c’est son humour pince-sans-rire et un second degré qui doit autant à son air détaché qu’à son ego-trip poussé à son paroxysme. Interview.

On raconte que vous avez commencé à rapper très tôt… Quel a été votre parcours ?

J’ai commencé à rapper à l’âge de 9 ans. À 10 ans, le groupe La Brigade est venu jouer à Montpellier, je suis monté sur scène avec eux pour un freestyle. Ils m’ont encouragé à persévérer, c’est à ce moment-là que j’ai compris que le hip-hop serait mon métier. J’ai enregistré quelques titres, je les ai posté sur Myspace et Teki Latex m’a fait venir à Paris pour enregistrer mes premiers titres. L’histoire a débuté comme ça…

Teki Latex faisait partie du groupe mythique TTC, le premier en France à mélanger beat électro et texte. À mille lieux du rap revendicatif. Ils étaient le groupe le plus détesté dans le rap français. Vous les appréciiez à l’époque ?

Pas vraiment. J’ai compris un peu plus tard leur côté innovant. Ils ont repoussé les frontières dans le rap. Leurs textes étaient drôles et côté son ils étaient les seuls à faire ce qu’ils faisaient, alors qu’aujourd’hui tout le monde mélange électro et hip-hop. Ça m’a beaucoup inspiré. Sur mon album, d’ailleurs, on retrouve ce côté second degré.

Vous poussez l’ego-trip assez loin, vous pensez que tout le monde comprend votre humour ?

C’est tellement exagéré que je l’espère. Cela dit, il y a des choses que je pense vraiment, mais dès que je suis devant une feuille blanche j’ai tout de suite envie de raconter ce genre d’histoires remplies d’excès et d’abus. Quand j’entends certains rappeurs raconter très sérieusement autant d’énormités, ça me fait marrer aussi. Je veux être décalé sans être marrant. Je crois que mon flow un peu détaché sert à ça ! Je ne suis pas agressif dans ma manière de rapper mais, si tu écoutes bien les textes, c’est sûr que ça envoie du lourd ! C’est cette opposition qui fait que ça fonctionne, je pense !

De quels artistes français vous sentez-vous proche ?

Je n’écoute pas beaucoup de musique en ce moment. Mais j’aime beaucoup Philippe Katerine, surtout l’album Robots après tout. En électro j’apprécie Club Cheval, Para One, Orgasmic et Gucci Vamp (Ndr : Brodinski et Guillaume de The Shoes) qui ont produit mon morceau « Louis XIV ». En rap, il y a Booba, bien sûr, et aussi Doc Gynéco. Première consultation est pour moi le meilleur album de rap français, il va même au-delà. Je voudrais bien bosser avec lui sur mon prochain album. Il n’y a plus de frontières aujourd’hui : Kanye West a bien bossé avec Gesaffelstein et Daft Punk.

Avoir un Bac S avec option est-ce un avantage dans le milieu du rap ?

Je raconte tellement de conneries dans mes textes que ça contrebalance !

Pourquoi avoir intitulé ce double album Tokyo et Kyoto ?

J’ai commencé à m’intéresser au Japon à travers les fringues. Chaque morceau que je produisais me rapprochait du Japon, ça me payait mon billet d’avion. J’y suis allé pendant une semaine mais je n’ai pas pu apprécier autant que je le voulais ce voyage : on a tourné deux clips là-bas. On a travaillé jour et nuit. Mais c’était aussi fou que je l’imaginais. Je vais y retourner c’est sûr !

Que pense votre maman de vos textes ?

Je ne lui demande pas, je ne veux pas savoir ! Elle écoute mais, si je suis là, je lui demande d’arrêter car je suis un peu gêné. C’est normal, c’est ma maman quoi ! Mais elle me connaît, elle sait que c’est du second degré. Je pense que les femmes ont plus de recul que les mecs sur mes textes.

Propos recueillis par Willy Richert


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