L’album du mois : « Radical Optimism » de Dua Lipa

 

Sur son troisième album, la désormais superstar albano-britannique passe à la moulinette pop l’héritage psychédélique du Summer Of Love aux côtés de Kevin Parker de Tame Impala.

Une fois n’est pas coutume dans les cycles d’albums de la pop contemporaine, Radical Optimism, le troisième effort de Dua Lipa, commence – cette fois ci littéralement – par la fin d’une ère (End Of An Era). De Taylor Swift à Charli XCX en passant par Beyoncé, toutes ont épousé l’idée qu’un album se devait de répondre à un univers aux règles précises et qui s’étendrait même au-delà de la musique : une era comme art de la métamorphose.

Après l’immense succès de Future Nostalgia, un titre oxymorique qui résumait à la perfection la tentative de Dua Lipa de réunir la nostalgie new-wave et UK Bass pour imaginer le futur de la pop, la star albano-britannique s’empare désormais de la révolution psychédélique pour illustrer son “optimisme radical”. Une idée conceptuelle qui lui est venue pendant les prémisses de la création du disque et qui finira par guider l’intégralité de son processus d’enregistrement.

Conviant une armada de producteur·ices de tous horizons pour accoucher de sa vision – Kevin Parker de Tame Impala, Tobias Jesso Jr. (Adele, Miley Cyrus), Caroline Ailin ou Danny L Harle (Tommy Cash, Caroline Polachek) –, Dua Lipa s’est donc fabriquée un écrin solaire pour accueillir cette nouvelle mentalité : la radicalité, c’est de ne jamais succomber au pessimisme malgré les épreuves se présentant au-devant.

Quoi de mieux, donc, que de sacrifier le vernis synthétique de Future Nostalgia pour le remplacer par une approche organique émulant les grandes heures du Summer Of Love de 1967 (la bulle temporelle hippie pendant laquelle, un court instant, tout espoir était encore permis) pour accoucher d’un disque aussi conquérant qu’il n’est extatique. Plein à ras bord de lignes de basse qui convoque l’intemporalité du disco (These Walls, Watcha Doing, Maria) tout en charriant un héritage French Touch (Illusion, Houdini), de refrains imparables qui n’auront de cesse de vous obséder et de méditations intimes en forme d’aphorismes pop, Radical Optimism est on ne peut plus fidèle à son programme.

Ce programme qui aurait pu ressembler à un cahier des charges dirigiste, corseté, c’est finalement ce qui fait toute la force de ce disque : une idée fixe qui évite la sortie de route à Dua Lipa. Millimétré et sans détour, ce troisième effort forme un alliage entre le fond et la forme absolument irrésistible. L’assurance optimiste de Dua Lipa, sûre de sa nouvelle métamorphose, donne une profondeur insoupçonnée aux productions impeccables, notamment, de Kevin Parker, et, inversement, cet écrin de morceaux pop rutilants propulse l’intimité des chansons de la superstar en leçons de vie universalistes. Une collection de nouveaux mantras pop prêts à l’emploi pour – pourquoi pas – lancer un nouveau Summer Of Love.