Lou Marco : l’interview

Lou Marco sort un premier album intitulé « Sous La Peau » qui va sans aucun doute aller se nicher sous les nôtres. L’éventail de sa pop est d’une envergure stupéfiante : chanson-pop, rock, pop-électro, tout y passe avec le même talent. Un pétillant cocktail d’humeurs et de genres, une facilité du mot en anglais et en français, une reprise du India Song de Jeanne Moreau en duo avec Arthur H… dans ce paysage sinueux, sa voix agit comme un beau guide tenant le fil rouge. Elle en vivait auparavant pour faire des voix off de pub, elle en use aujourd’hui dans des chants polymorphes avec une habilité envoûtante.

Vous êtes totalement autodidacte ?

Je suis autodidacte dans le sens où je n’ai pas fait le conservatoire. J’ai appris la musique toute seule grâce aux rencontres, notamment celle d’un ancien prof qui bossait à l’école d’ingénieurs du son. J’ai appris un peu tout en vrac d’un coup. J’avais un peu de matériel à la maison, j’allais traîner en studio avec des potes à droite à gauche, j’allais les écouter, mais ça s’arrêtait là. En fait j’ai surtout commencé à faire du son à la maison, des choses climatiques, électro. Faire des chansons c’est venu plus tard. Puis comme je gagnais ma vie avec ma voix, j’ai fini par additionner les deux. La chose s’est un peu imposée comme une évidence.

Mais vous aviez envie de chanter ? Vous avez osé sans problème ?

J’avais envie mais je n’osais pas. Puis ça se travaille aussi, ça s’apprend. Et en même temps j’étais au départ plus intéressée par la musique. D’ailleurs quand j’ai commencé à chanter je mettais la voix loin derrière, comme un instrument parmi les autres. Je n’avais pas le goût de la chanson à texte rempli de sens.

Un premier album prend toujours du temps, cela a été votre cas aussi…

C’était plus le temps de l’apprentissage. C’est vrai qu’aujourd’hui on a tendance à oublier la trajectoire, les gens sont un peu obsédés par la destination. Le premier album c’est une longue lutte. On a à la fois tout à explorer et tout à prouver. Et j’ai aussi beaucoup appris en me trompant. Mais ce n’est jamais perdu. Ce qui a été inabouti dans un morceau laissé de côté est souvent réutilisé ailleurs.

Que cela soit dans vos textes en anglais ou en français, il y a une volonté d’écriture à tiroirs. Vous utilisez beaucoup d’images, de métaphores, vous ne racontez jamais une histoire frontale…

J’aime avoir plusieurs lectures, chacun comprend ce qu’il a envie. Moi-même il m’est arrivé de comprendre autrement une chanson bien après l’avoir écrite. Comme celle qui a donné son titre à l’album « Sous La Peau » par exemple. De manière générale quand on réécoute des titres longtemps après, il arrive de me dire : « ah oui effectivement j’étais dans cet état d’esprit-là. » Mais pour cette chanson c’était encore différent. Les couplets sont une description très factuelle d’une fille, comme un script et, dans le refrain je dis que sous ma peau il y a elle. Et je n’avais jamais décidé si je parlais d’une partie de moi symbolique ou si c’était d’une autre nana, je n’avais jamais songé à qui elle était, et pourquoi… Donc pour écrire le clip il a fallu que je m’interroge et que je fasse un choix. Du coup je suis partie officiellement sur un Frankenstein revisité. Il y a des chansons comme ça où le sens est très ouvert et où soi-même on peut redécouvrir ce que l’on a dit.

Vous êtes visiblement nourrie par beaucoup d’influences. Vous avez écouté beaucoup de choses ?

Oui. Tout est une question d’appétit, et ce qui se mange avec appétit se digère bien. Et puis il y a la liberté de faire les choses siennes. Il faut écouter, tendre l’oreille, digérer et s’approprier.

De tous les genres, est-ce qu’il y en a dont vous rêvez encore ?

J’adorerais faire une musique de film ! Être au service de l’univers de quelqu’un d’autre, ne pas raconter une de mes histoires mais faire vivre une autre histoire, j’en rêve !

Propos recueillis par Marjorie Risacher

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Lou Marco – Sous la peau