Louisahhh!!! : Une américaine à Paris !

Seule représentante féminine de l’écurie Bromance fondée par Brodinski, Louisahhh!!! s’est installée en France depuis deux ans. Cette DJ, productrice et chanteuse s’est taillée une réputation internationale par la qualité de ses sets et ses collaborations impeccables avec Brodinski (Let the Beat Control Your Body) ou Maelstrom (Friction). Riffx a rencontré cette newyorkaise entre deux avions. L’occasion de parler de la place des femmes dans le deejaying, de ses « famous friends » et de l’explosion de la dance aux États-Unis.

Comment êtes-vous tombée dans la marmite électronique ?
Ma rencontre avec la techno s’est faite petit à petit. Je suis DJ depuis mes 17 ans. J’étais une grande fan de rock au départ, et notamment de Garbage qui reste mon groupe culte, peut-être parce qu’il intégrait beaucoup d’éléments électroniques dans leur production. Je mixais très jeune dans des bars et il m’est apparu clairement que le beat 4/4 était le plus intéressant à mixer. Ensuite jai découvert des groupes comme LCD Sound System ou Soulwax qui mixaient du rock et de lélectro. C’est mon côté punk rock qui m’a poussé vers ces groupes !

Votre père travaillait déjà dans lunivers musical ?
Oui, il était responsable artistique de vidéos. Il a travaillé avec des gens comme Bruce Springsteen, Elvis Costello, Miles Davis ou les Pink Floyd. Mais quand on est jeune on écoute la musique opposée aux goûts de ses parents ! Mon seul bon souvenir musical commun avec lui, c’est le jour où il m’a emmené voir Nin Inch Nails à 12 ans. Ce groupe est devenu depuis une influence majeure pour moi.

Vous étiez mineur quand vous avez débuté votre carrière de DJ ?
Oui, j’étais trop jeune ! Pas par rapport à mon âge, mais par rapport à la loi. Ma période adolescente a été très difficile car je n’étais pas bien dans mes baskets, je ne me sentais pas à l’aise avec ceux de mon âge et j’ai un peu dérapé. Du coup devenir DJ m’a permis de fréquenter d’autres personnes et de m’ouvrir aux autres.

Et le chant ?
Quand j’ai rencontré Brodinski en 2010 lors d’une conférence sur la musique, il mixait avec DJ Medhi. Il ma tout de suite dit quil appréciait mon travail avec Danny Daze. Il m’a alors proposé de chanter sur ses productions. J’ai commencé par refuser car toutes mes idoles sont des chanteuses (Debbie Harry, Siouxie & the Banshees) et je ne voulais pas me comparer à elles. On a tout de même essayé à distance mais tout était compliqué avec le décalage horaire. Alors j’ai fait mes valises et me voilà en France !

Votre label « Bromance » signifie « amitié forte entre deux hommes ». Comment vous sentez vous au milieu de ces hommes (Brodinski, Gessafelstein, Maelstrom) ?
Je me sens très bien car ici c’est vraiment une famille. Je suis un peu la « reine » au milieu de tous ces hommes ! Nous parlons beaucoup de la place des femmes dans la dance music. J’évoquais cette question avec Miss Kittin, l’une des premières femmes dans ce business, et je me disais que ce n’est pas si mal, car être une femme DJ dans un club reste lendroit le plus « safe ». Je suis une féministe et je suis fière de parler de la place des femmes dans la musique, c’est important d’en parler.

Vous en êtes à votre 7e maxi. À quand l’album ?
Il faut vraiment y réfléchir car c’est un format très différent du maxi et il faut savoir raconter une histoire du début jusquà la fin. C’est un format que j’affectionne car beaucoup de mes musiques préférées proviennent d’albums et pas de « club tracks ». Mais j’y pense, bien sûr… Je vais y venir.

Vous mixez aux quatre coins du monde, quel est votre avis sur l’explosion des musiques électroniques, vous qui êtes américaine ?
L’Europe possède une culture électronique bien plus profonde qu’aux États-Unis ! Il existe de nombreux petits clubs partout en France où on peut découvrir de nouveaux DJ, de nouveaux sons. Aux Etats-Unis, il faut du « big », il faut des explosions de lumières… Sinon les Américains ne se déplacent pas. Maintenant, il existe une scène américaine loin de l’EDM qui est train de se développer. C’est très bien mais dans ce circuit-là, il n’y a pas d’argent ! L’autre souci est que les radios ne jouent rien dautre que de l’EDM. Au final, se retrouver sur une plage en maillot de bain en écoutant de la musique cheesy est une expérience mais se retrouver dans une fête illégale, totalement underground, en est une autre. Gardons ces deux aspects éloignés l’un de l’autre, ce sera très bien. L’underground c’est un peu comme se retrouver dans une société secrète et moi je veux en faire partie !

Propos recueillis par Willy Richert

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LOUISAHHH!!! – Boiler Room Paris DJ Set

Crédit Photo : © Eric Traoré