Mais où est donc Orouni ?

À 32 ans, le Français Orouni fait partie d’une génération d’orfèvres pop ouverts sur le monde, qui compte dans ses rangs des groupes comme Frànçois and the Atlas Mountains ou (Please) Don’t Blame Mexico. Grand Tour, le troisième album d’Orouni, est le fruit d’une année de voyages autour du monde, dont ce fan de Bob Dylan et des Beatles a ramené des instruments, des impressions, des souvenirs…

Quelle est la genèse de Grand Tour ?

Début 2009, j’ai pris la décision de démissionner de mon travail et de partir en voyage. Dès le début, c’était dans un but musical. J’ai sélectionné assez rapidement quatorze destinations et j’ai fait à peu près un voyage pas mois. J’ai pris beaucoup de photos, tenu un journal de bord et ramené des instruments de chaque pays. Je suis allé en Afrique, en Asie, en Australie, en Europe. J’ai ensuite écrit une chanson sur chacune de ces destinations et le disque a été enregistré à partir de l’automne 2011. Je n’ai pas écrit les chansons sur place parce que je voulais en profiter en tant que touriste et visiter les lieux incontournables. Et puis je ne peux pas composer sous la contrainte, ça arrive comme ça.

Vous avez choisi vos destinations en fonction de leurs cultures musicales ?

Oui et non. C’est le cas pour le Mali, par exemple, où il y a beaucoup de choses que j’aime bien, comme le musicien Toumani Diabaté ou même des groupes des années 1960 ou 70. Pour d’autres pays, l’intérêt était purement touristique ou lié à l’architecture. Mais dès le début, je me suis dit que je voulais faire un disque de tous ces voyages. Beaucoup des musiques avaient été écrites avant et quand je me baladais dans le pays, je me demandais quelle composition pourrait bien leur être associées. J’ai essayé de me documenter en amont, notamment pour les instruments. J’avais une petite idée des instruments que j’allais rapporter : une kora du Sénégal, une charango du Chili, un cavaquinho du Brésil.

L’idée a toujours été de garder un format et des sonorités pop ?

Oui, j’ai l’impression que la pop absorbe tout. On a beau vouloir faire des choses un peu « world », ça reste du domaine de la pop, accessible et mélodique. Comme quand Paul Simon utilisait des instruments africains. Il compte parmi mes influences. Il y a aussi les Kinks, dans le fait d’essayer d’arranger une chanson de façon assez radicale, avec juste une rythmique et un instrument particulier. Je trouve assez géniale la chanson Two Sisters sur l’album Something Else (1967) où il y a juste une rythmique et un clavecin. Les Beatles l’ont aussi fait, de façon encore plus radicale, avec uniquement des cordes et le chant sur Eleanor Rigby.

C’est votre troisième album : quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Le premier était plus folk, avec une guitare et un instrument supplémentaire. Pour le deuxième, j’ai essayé d’apporter des percussions et il est certainement plus rock. Le troisième est le plus abouti, avec une ouverture vers d’autres personnes, d’autres sonorités et influences. Je me suis aperçu que leurs titre respectifs (A Matter Of Scale, Jump Out The Window et Grand Tour) les reliaient : à chaque fois il y a un rapport à l’espace, à la façon dont l’homme se situe dans cet espace. Je me suis aussi rendu compte que les couleurs utilisées pour la pochette de Grand Tour étaient presque les mêmes que celles du premier album. Il y a à la fois une progression et une cohérence, ça me plait. Je pense qu’on n’échappe pas à ses lubies et à ce qu’on aime.

Propos recueillis par Vincent Théval

Découvrir :

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