Août
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La Dernière Étoile est le titre de votre disque, mais elle est également devenue votre logo, votre insigne, elle est représentée partout sur les affiches, la pochette, à l’intérieur du livret…
Dans ces deux mots je trouve qu’on a le désabusement et l’espoir en même temps. C’est un peu l’état dans lequel je me trouvais quand j’ai écrit l’album et ça correspond bien à la période que l’on traverse. Du coup, elle s’est immiscée cette petite étoile, jusqu’à prendre beaucoup de place dans le livret en effet. Quand je cherchais une idée pour l’illustrer, elle s’est imposée d’elle-même, en couverture évidemment mais aussi pour toutes les chansons. Et la petite image contenue dans chacune d’elles a une explication.
On a l’impression que vous vous habituez enfin à faire une carrière solo. Le fait de ne plus être dans un groupe était une mise à nu ?
Oui, Dolly c’était confort parce que dans le groupe il y a des épaules. On peut se reposer sur les autres. Là, toute la pression est sur moi et ce n’est pas forcément ce vers quoi j’avais envie d’aller au départ. Le doute est là, une forme d’inconfort, le questionnement et le manque de confiance qui est assez important chez moi. Mon premier album solo était exutoire et je ne savais pas s’il y en aurait un autre. Mais finalement se trouver seule c’est aussi agréable parce qu’il n’y a pas de concession à faire : on est un peu le capitaine du navire. Il faut que j’assume maintenant le fait d’être seule, je commence à dire « Je » d’ailleurs. J’y arrive d’autant mieux maintenant que je m’impose en tant que musicienne avec les garçons.
L’album s’ouvre sur un instrumental : un genre de sas d’entrée ?
Tout a fait. Ce premier morceau placé dès l’ouverture était vraiment voulu avec Nico qui a réalisé l’album. Quand je le lui ai envoyé il m’a dit : « C’est parfait, je vais juste rajouter un piano et les gens vont se demander où tu veux les emmener. » Ce qui est drôle c’est que le dernier titre Le Paradis a été écrit simultanément, et je trouvais que la boucle était bouclée. Effectivement il y a un petit son de cymbale qui retransmet le bruit que ferait un portail rouillé qui correspond complètement aux paroles du Paradis en fait. Du moins aux images que j’en ai moi.
Il y a pas mal de sons d’ambiance justement, beaucoup de choses à entendre quand on tend l’oreille, qui ne sont pas évidentes à la première écoute. C’était un parti pris au départ ou c’est arrivé au fur et à mesure ?
Avec Nico on a cherché la couleur de l’album, puis une fois qu’on l’avait je me retrouvais seule, je cherchais les sons de mon côté tout en sachant que lui allait me les sublimer derrière. Par exemple pour J’attends l’heure j’avais fait un petit balancier avec un son de banjo. Lui l’a transformé en double mandoline. C’était un petit laboratoire. Je n’avais pas cette approche-là avant, c’est Nico qui m’a poussée à le faire. Je pense qu’il faut plusieurs écoutes à cet album. Il est très riche, il est intense, il y a plein de petits détails que l’on peut entendre au casque.
En parlant d’intensité justement, c’est sûrement l’album le plus intense et pourtant le moins électrique que vous ayez fait.
Ça me fait très plaisir que vous disiez ça, parce que les gens qui ont eu accès au premier titre Que fais-tu ? disaient que je m’étais assagie. Alors que moi je trouvais justement que c’était mon album le plus rock. Dans l’esprit, la puissance. Alors, effectivement, il y a moins de guitares électriques, pas de binaire avec des tempos ultra rapides et pourtant, pour moi, il est extrêmement rock.
Dans les textes, la notion de temps est très présente, que cela soit celui qui passe, celui pendant lequel on attend ou celui qui est plus loin, peu importe. C’est l’âge, l’expérience, un parcours normal de vie et d’écriture ?
Il y a beaucoup d’inconscience dans les textes mais je me suis rendue compte après qu’en effet il y avait beaucoup de temps et de mouvement. Cela vient aussi du fait que je me suis enfin tournée vers l’extérieur, j’étais dans l’observation, je prenais des notes. Et quand on arrête de se regarder le nombril, c’est peut-être là qu’on se voit le mieux. Je trouvais ça très ludique d’observer les autres, cela a créé un déclic dans l’écriture. J’y ai soudainement trouvé une vraie raison de faire un second album, je découvrais que j’avais encore des choses à dire. J’observais donc des gens, des situations, j’imaginais la vie de ces personnes, je me mettais dans leurs têtes puis automatiquement je repartais avec une partie de mes propres questionnements. Il y a aussi beaucoup de mélancolie dans tout ça. Après, je me suis demandée s’il fallait que je fasse un tri. Puis non, c’est un constat, c’est moi maintenant, je me rends compte que le temps passe effectivement. Et c’est très bien parce que ça a enrichi à la fois mes textes et ma musique. Et comme j’ai envie de progresser, je vais continuer dans ce sens-là.
Propos recueillis par Marjorie Risacher
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