Sep
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Changement de cap total pour MLCD (My Little Cheap Dictaphone) après leur magique The Tragic Tale of a Genius sorti il y a quatre ans. Pour leur quatrième album, les Belges reviennent à un format moins conceptuel mais bien plus contrasté : The Smoke Behind the Sound est une promenade pop qui mêle les ambiances sans frontières de couleurs ou de temps.
Aujourd’hui vous êtes passé au quintet en accueillant le Français Manu Delcourt à la guitare. Le sang neuf, cela aide aussi à se renouveler ?
Ce n’était pas vraiment prévu mais à l’issue de dix jours de répétitions faites avec lui en Provence, cela nous a paru tomber sous le sens. Ce n’est jamais évident d’entrer dans un groupe qui a déjà ses manières de travailler, de prendre une place qui n’existait pas, mais cela s’est bien passé. Puis Simon, le batteur, nous avait rejoint pendant la tournée précédente, donc on avait deux « sangs neufs ». Au départ de cet album, il y avait l’envie de composer un maximum de choses ensemble, partir, vivre en communauté, se retirer à la campagne. On voulait vraiment une aventure de cinq musiciens qui donnaient chacun sa personnalité dans les chansons.
Sur l’album précédent vous avez opéré de la même manière, il y a toujours chez vous le besoin de vous retirer dans un coin isolé pour créer…
C’est aussi plus facile de n’avoir à se consacrer qu’à ça. C’est moins simple de se plonger dans un travail de création si tu vas au local de répétitions à côté de chez toi, où tu as tes habitudes et les tracas de ta vie quotidienne. Là, outre le fait de développer quelque chose ensemble, il y a aussi celui de pouvoir se concentrer, de ne plus avoir d’horaires. Puis ça fixe ce moment particulier dans ton histoire personnelle.
Le parti pris, dès le départ, était d’aller plus loin que ce que vous aviez fait sur le précédent ?
Tout a fait. On avait envie de sortir des nouvelles choses. Quand on a rencontré Simon, on est allé avec lui dans une décharge publique. On a cherché des tonneaux, des bouts de métal… tout ce qui pouvait servir de percussion. Le pauvre pensait qu’il allait avoir des bidons d’essence pour batterie ! On ne les a pas gardés au bout mais c’est une des manières que l’on a eu d’explorer, de se mettre en difficulté. Et on s’est retrouvé avec énormément de chansons qui partaient dans beaucoup de directions différentes. On avait un peu de mal au final à savoir où l’on devait aller et ce qu’on devait garder.
C’est d’ailleurs un album à multiples sons et facettes…
Absolument. L’unité s’est faite au niveau du ressenti, de la manière d’aborder les choses. Il y a aussi un gros travail studio derrière et le but était de ne pas avoir un seul son décliné en plusieurs chansons. À chaque titre on reprenait tout à zéro, on cherchait une nouvelle batterie dans le studio, une nouvelle manière de jouer, un univers différent. On n’avait pas de barrières. Puis c’est aussi notre quatrième album et relancer des défis permanents est une nécessité pour se motiver dans une aventure qui va prendre trois ans.
La grande présence des claviers était un choix dès le départ ou l’influence du producteur artistique Luuk Cox ?
Dans l’idée de changement on ne voulait plus le côté symphonique et cordes. Mais on aime beaucoup les choses arrangées, produites, avec des détails à découvrir à chaque écoute. Donc une des solutions était d’aller cette fois vers les claviers. Après c’est sûr que Luuk en a apporté beaucoup aussi. Il nous a bousculé sur un tas de choses. Parfois les directions dans lesquelles il nous amenait nous laissaient dubitatifs, mais il nous disait : « Je l’enregistre quand même et dans deux jours on en reparle ». Et à chaque fois on trouvait, deux jours après, qu’il nous avait fait sortir quelque chose de parfait pour la chanson.
Mais en même temps il faut savoir accepter de laisser son bébé à quelqu’un d’autre. Vous avez quand même eu le sentiment d’avoir pu vous exprimer ?
Travailler avec quelqu’un d’autre parce qu’on aime ce qu’il fait, c’est aussi lui faire confiance. Il a quand même fallu accepter de lâcher certaines choses. Comme beaucoup de morceaux sont nés de jams entre nous, on a vite fait de se conforter dans ce qui nous est venu spontanément. C’est au moment de l’enregistrement qu’il te dit « Non non, on ne va pas faire ça ». Et quand tu as déjà bossé six ou sept semaines et qu’il a entendu ce que tu faisais tous les jours sans rien dire, faut savoir l’accepter. Mais à l’arrivée on n’a pas l’impression d’avoir fait quelque chose de moins bien, donc il n’y a aucun problème. Et on avait envie de quelqu’un qui puisse trancher dans le vif. Parce que cela fait quelques années maintenant que l’on fait du studio, on avait peur de s’enfermer, d’étouffer dans des choix qui devenaient peut-être automatiques.
Propos recueillis par Marjorie Risacher
Découvrir :
MLCD [My Little Cheap Dictaphone] – Fire
Crédit Photos : © Maelle Andre (photo principale) et © Olivier Bourgi (photo en concert)
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