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En 1976 sortait le dernier album du compositeur, arrangeur, mais aussi parolier canadien, Mort Garson. Jamais commercialisé à proprement parler avant sa réédition en 2019, le disque redécouvert sur le tard promettait d’aider à la croissance et la bonne santé de vos plantes vertes.
“Warm earth music for plants… and the people who love them” (“Musique terrestre chaleureuse pour les plantes… et les personnes qui les aiment”) peut-on lire dans le programme inaugural de l’utopiste Mother Earth’s Plantasia publié par le Canadien Mort Garson, dans l’indifférence collective, en 1976. Près d’un demi-siècle plus tard, il est désormais choyé par une palanquée de chercheurs fascinés par la library music et autres audiophiles amateurs de raretés. Au point que le label Sacred Bones rééditera en 2019 ce disque réputé introuvable, soit un peu plus de dix ans après la disparition, à 83 ans, de son auteur. Cette fois-ci, l’aura autour de cette sortie sera bien différente de celle qui aura présidé à sa création.
En 1976, le Summer of Love du mouvement hippie semble déjà bien loin et l’Amérique s’apprête à rentrer de plain-pied dans les années fric. Dans ce curieux entre-deux, la marchandisation des idéaux hippies amputés de leur engagement pour le Vietnam participe à l’apparition de mouvements bien plus solubles dans le néo-libéralisme débridé qui pointe le bout de son nez, comme les courants spirituels New Age, bien que sensibles aux questions écologiques de l’époque.
Dans La vie secrète des plantes, un ouvrage à succès de Peter Tompkins et Christopher Bird paru en 1973 outre-Atlantique, la paire arguait que ces dernières seraient sensibles à la musique. Qu’à cela ne tienne, si tout laisse à penser que Mort Garson – 50 ans à l’époque et connu pour la bande-son d’une retransmission de la mission Apollo 11 sur la chaîne CBS – n’était pas versé dans les doctrines New Age, l’excuse est suffisamment belle pour qu’il décide d’expérimenter son imposant synthétiseur Moog.
Le marketing fera le reste. Accompagné d’un livret de textes reprenant les idées de Tompkins et Bird, les entrepreneurs Lynn et Joel Rapp distribueront le vinyle gratuitement pour tout achat d’une plante d’intérieur dans leur boutique Mother Earth sur Melrose Avenue à Los Angeles. De même, les clients de l’enseigne Sears en recevront un exemplaire pour tout achat d’un matelas Simmons (pour mieux s’enraciner dans son lit pendant que les plantes poussent ?)
Mais Mother Earth’s Plantasia – comme la plupart des œuvres personnelles de Mort Garson – ne rencontrera pas le succès. Quant aux thèses frauduleuses de La vie secrète des plantes, elles seront qualifiées de pseudoscience et les dérives New Age se multiplieront.
Mais 50 ans plus tard, le disque tient enfin sa rédemption. Si rien ne prouve que Plantasia fait pousser nos bégonias et autres rhododendrons, rien d’étonnant à voir, dans un contexte de crise écologique profonde, ce témoignage musical du siècle dernier ressurgir. Aussi inconséquente soit-elle, la library music de Plantasia est un manifeste sonore pour reconsidérer – tout en nappes synthétiques – les liens qui nous unissent à notre environnement.
Les Inrockuptibles
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