Retour sur un album culte : Pepe Bradock : Synthèse

Comment peux t-on s’appeler Pépé et produire une house si groovy ? Comment peux t-on produire une musique si sensuelle et être l’un des artistes les plus timides de la french touch ? Nous pourrions nous interroger des heures sur cet artiste, adulé par beaucoup de DJ mais quasi inconnu du grand public.

Synthèse est sorti en 1998 sur le label Versatile et reste l’un des albums fondateurs de ce qu’on appelait alors la « french touch ». House vitaminée, filtres à gogo, mélodies imparables et éclectisme érudit. Cet album est une compilation des maxis vinyles sortis quelques mois auparavant et réunis ici avec une cohérence rare grâce à des interludes de toute beauté. L’histoire de la musique, qu’elle soit électro ou non, regorge d’albums de référence passés inaperçus car trop tôt sortis. Synthèse reste l’un des meilleurs, ou pires exemples de cette catégorie maudite. Les dix morceaux aux titres interrogateurs (Démarre le chauve ou Un pépé dans la dentelle) synthétisent trente ans de musique black (jazz, hip-hop, disco, house) et sont autant de classiques ignorés qui n’empêcheront pas Julien Auger de produire en toute discrétion des classiques tels que Deep Burnt, de remixer les plus grands (Cesaria Evora, Roy Ayers), de collaborer avec des légendes tels que Carl Craig et, dernièrement, de remixer le jeune génie Nicolas Jaar, qui lui doit tant.

Certains artistes use du marketing pour pallier leur manque de talent, Bradock, lui, a toujours préféré la recherche sonore aux lois du marché : qui l’histoire retiendra t-elle ?

Willy Richert

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