RévéLAtion RIFFX : qui es-tu Pierrot ?

Sudiste pur jus, le DJ Pierrot a transporté son soleil jusqu’à La Rochelle durant les Francolies. Le montpelliérain de 32 ans s’est ainsi produit le 13 juillet, dans son univers à la croisée de la tech house, de la disco funk et des musiques latines. Sa maîtrise l’a déjà menée en première partie de Kazy Lambist, Kid Francescoli ou 2manydjs. Jusqu’où ira-t-il ?

Comment as-tu préparé ton set aux Francolies ?

Je pense que c’est un des sets que j’ai le plus préparé de ma vie. Dans mon parcours, j’ai toujours eu des plages horaires très larges, et dans ce cas il vaut mieux avoir beaucoup de morceaux et s’adapter aux réactions du public. Là, je savais que j’avais deux heures, donc j’ai essayé d’écrire une histoire du début à la fin. J’ai tâché de mêler mon univers avec des remixes de morceaux connus. Tout s’est très bien passé, j’ai été très bien reçu, le public était réceptif malgré l’horaire, et j’ai bien pu profiter du festival, qui est vraiment à faire dans sa vie.

Tu as découvert le DJing à 16 ans. Comment se fait cette découverte ?

C’est grâce à un ami d’enfance, qui y baignait lui-même. On a d’abord sympathisé à travers le sport, puis à force d’aller chez lui et de voir ses platines dans sa chambre, il a fini par me montrer comment elles marchaient. Il m’a vraiment appris les bases, et en parallèle je l’ai beaucoup accompagné sur ses propres prestations, pour installer le son et les lumières. Ça me faisait un peu d’argent, et après plusieurs mois, j’ai acheté mon propre matériel.

 

Comment es-tu devenu professionnel ensuite ?

Je pense que j’ai un parcours de DJ très classique : j’ai commencé par animer les soirées de l’école, entre amis ou pour la famille. Puis j’ai eu l’opportunité de jouer dans un bar à Montpellier. Mais avant de me professionnaliser, j’ai vraiment cultivé ça plusieurs années comme un jardin secret. Ce qui m’a fait passer une étape, c’est ma participation au concours de la DJ Family, qui rassemble tout le monde de la nuit. J’ai terminé troisième cette année, ce qui m’a ouvert de nombreuses portes et j’ai pu commencer à me faire une place dans ce milieu.

 

C’est comme cela que tu as pu réaliser tes premières parties pour Kid Francescoli ou 2manydjs ?

Oui, le concours a mené à des événements qui ont mené à des résidences. Et ces résidences incluaient des artistes d’envergure. 2manydjs c’est encore autre chose, j’étais en alternance dans une boîte d’événementiel à Toulon. Et je mixais parfois pour les événements de l’entreprise, dont les Soirées de la Citadelle, où se produisait le duo belge. C’est vraiment une question d’opportunités à chaque fois, et ce sont vraiment mes meilleurs souvenirs.

Tu cites des DJ comme Synapson, Keinemusik, Claude Monnet ou Black Coffee comme références. Qu’est-ce qui t’inspire chez ces artistes ?

Ils ont un temps d’avance, je pense. Notamment parce qu’ils savent puiser dans la musique plus pointue, non commerciale, et la rendre accessible à un grand public grâce à leurs productions et leurs collaborations avec de grandes stars. J’ai eu la chance de rencontrer certains d’entre eux comme Claude Monnet, qui a exercé à la Grande Motte, à côté de Montpellier. Avec lui, on fait la fête mais on se cultive aussi, on découvre. Et son parcours fait qu’il a pu faire venir des artistes internationaux dans ce qui reste une petite station balnéaire, peu connue hors du pays. Ça a beaucoup nourri la communauté de DJ de Montpellier. En ce qui concerne Black Coffee, j’ai un parcours qui m’a créé une forte affinité avec les musiques africaines et latines, donc ses sets me parlent beaucoup. Depuis l’enfance, mon père m’a fait découvrir Buena Vista Social Club, Bonga ou Cesária Évora, et j’ai toujours continué de nourrir cette passion.

 

En tant que DJ, tu te vois donc aussi bien comme animateur que comme passeur ?

Oui, on peut dire ça. Le DJ doit faire danser les gens, bien sûr, mais il a aussi un devoir de transmission de culture. Et des artistes comme Keinemusik permettent de partager avec le public des musiques plus exigeantes dans un format adapté. Ça permet de croiser les publics, on peut découvrir de vieux morceaux, créer des échanges. Passer des disques, on peut tous le faire, et même Spotify peut le faire. Le DJ est là pour raconter des histoires. C’est en tout cas ce que j’ai toujours essayé de faire.