Tame Impala : Currents

On ne sait pas trop si le titre de ce troisième album de la formation australienne désigne un courant électrique ou océanique, une tendance du moment ou une mise à jour, mais tous ces termes pourraient désigner à merveille son contenu. Le rock disparait au bénéfice d’une pop et d’un funk disco étonnant que l’on attendait moins de la part de Kevin Parker, maître à penser et meneur unique du projet. Il conserve les influences 1960-70 et une appétence pour le psyché, mais dévoile un peu plus sa voix en la posant non plus sur des guitares mais sur une surenchère de claviers. Le titre d’ouverture Let It Happen déploie ses presque huit minutes en dérivant dans des recoins que le reste du disque n’ira pas démentir. On pense à Mercury Rev souvent, à Daft Punk parfois, on se surprend à l’expérimental que le jeune barbu à l’aspect christique ne cesse de bidouiller en poussant toujours le bouchon un peu plus loin.
Parker a d’ailleurs, comme à son habitude, tout fait, de l’écriture à la réalisation et quasiment tout joué. Cette fois il a même mis main basse sur le mixage et semble aimer le travail en ermite. Ses textes cependant changent de thème : si, jusque-là, c’était la solitude qui y tenait la dragée haute, elle se voit mise à l’écart pour laisser la place aux sentiments, aux changements et à l’altérité. Une métamorphose quasi complète donc, qui par un mystérieux tour de force garde la signature de Tame Impala, cet indicible musical que l’on reconnaît presque immédiatement.

Marjorie Risacher

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Tame Impala – ‘Cause I’m A Man