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Une marée humaine technophile a envahi les rues de Paris samedi 13 septembre pour défiler au son des quinze chars présents : house, techno, hardcore, kuduro (mélange d’électro et de musique angolais) ou bass music… il y en avait pour tous les goûts.
Cette grande fête de l’électro a été l’occasion pour Riffx de rencontrer Jase, le « Laurent Garnier » vietnamien et un jeune homme de 80 ans, Manu Dibango venus jouer sur les chars de la Techno Parade 2014. Le Vietnam était le pays invité d’honneur de cette 16e édition de la Techno Parade grand cru 2014. Jase est l’un des pionniers de la culture électro de son pays. Il travaille à Saigon en tant que DJ et promoteur de soirées.
Peux tu te présenter ?
Je suis DJ et producteur de musique depuis douze ans et je sors des maxis depuis quatre ans. Je mixe du hip-hop, de la techno et du dubstep. Pour mes productions je préfère proposer des choses plus lentes, plus downtempo qu’on appelle le glitch hop. On peut trouver mes sons sur un label allemand et bien entendu sur mon SoundCloud. Je viens régulièrement jouer en France mais aujourd’hui j’ai vécu le plus incroyable DJ set de ma vie. Cette foule était incroyable, c’est hallucinant de vivre un truc comme ça ! Il n’existe pas de parade comme ça à Saigon. Il faut dire que le mouvement techno se développe lentement au Vietnam. Ces cinq dernières années il y a eu une accélération avec une multiplication de DJ dans le pays. On se réveille !
Quel genre musical électronique est le plus populaire au Vietnam ?
L’EDM est très populaire bien entendu ainsi que le hip-hop, si on considère le rap comme un membre de la famille électro. La techno pure et dure est encore très underground chez nous.
Retrouvez l’ensemble des DJs vietnamiens le 20 septembre au Petit bain à Paris.
Autre artiste à se produire sur les chars de la techno parade : Manu Dibango. Ce légendaire saxophoniste, auteur du cultissime Soul Makossa (samplé sans autorisation par Michael Jackson sur Wanna Be Started Something et récemment par Rihanna dans Don’t Stop The Music). À 80 ans, le musicien connaît une seconde jeunesse en se confrontant aux beats électroniques.
C’est étonnant de vous retrouvez ici à la techno parade. Que pensez vous des musiques électroniques en général ?
Ça dépend ! Il y a du bon et du mauvais. Quand tu es musicien tu ne peux pas avoir des œillères ! C’est drôle de voir cette génération sauter comme des cabris sur des rythmes. Tu dois être curieux et comprendre pourquoi ? Tu avais 400 000 personnes dans les rues cet après-midi, ce sont des gens que tu ne vois pas au concert alors il faut aller dans leur truc pour comprendre, c’est cela être musicien ! Mon point de départ c’est l’Afrique mais mon point d’arrivée je ne le connais pas encore : c’est un parcours !
Est ce que le fait que cette musique soit crée par ordinateur, vous dérange en tant que musicien ?
Pas du tout. Quand le piano est arrivé c’était une révolution ! Il venait remplacer le clavecin, il a fallu s’adapter. Idem pour mon instrument, le saxo. Il a fallu inventer un répertoire. Chaque nouvel instrument est un plus, il faut le voir comme cela ! L’instrument n’est qu’un véhicule de pensée, donc le problème en tant que musicien c’est de s’adapter. L’environnement de tous ces jeunes est composé d’ordinateurs, de tablettes et de téléphones. C’est normal de s’y intéresser !
Un des arguments des détracteurs des musiques électroniques c’est de montrer du doigt la répétition des rythmes…
(sans nous laisser finir la question !) : Mais ça c’est la transe, c’est le truc le plus vieux du monde, c’est ancestral ! Que ça passe par Fela ou un ordi c’est pareil ! Quand tu vois les jeunes bondir comme des fous sur le boum boum tu retrouves ça aussi chez les Gilles de Binche (personnages du carnaval de Binche qui défilent une fois par an à Binche au son des tambours et fanfare). Rien n’est nouveau, tout se renouvelle ! J’ai passé un après-midi extraordinaire : J’ai découvert un truc que je ne connaissais pas, j’ai fait un tour du monde en deux heures, de République à Bastille ! C’est très tribal leur truc mais dans le bon sens du terme !
Propos recueillis par Willy Richert
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