Velvet Underground : New York, New York

À la Philharmonie de Paris, l’exposition New York Extravaganza célèbre le Velvet Underground, cinquante ans après ses débuts au cœur de l’effervescence avant-gardiste new-yorkaise, en insistant sur la vitalité des échanges entre les disciplines, du cinéma aux arts plastiques en passant par la musique contemporaine et la poésie.

Formé à New York au mitan des années 1960 par Lou Reed, John Cale, Sterling Morrison et Moe Tucker, le Velvet Underground a connu une existence brève, chaotique et très confidentielle. Il faut attendre les années 1970 – alors que le groupe n’existe plus – pour que certains de ses plus célèbres fans, comme David Bowie, lui assurent la reconnaissance méritée. L’histoire du Velvet, bien que très limitée dans le temps, est dense et complexe : des débuts au sein de la Factory d’Andy Warhol (qui s’improvise manager pour eux et leur adjoint les services de la chanteuse allemande Nico pour quelques titres du premier album) à une dissolution progressive et délétère dans l’anonymat le plus complet, il s’écoule cinq années. Elles sont marquées par quatre albums incroyables (un rock au son sale et aux thématiques sulfureuses, partagé entre saillies bruitistes et chansons plus pop), beaucoup d’enregistrements inédits, des fâcheries et des concerts radicaux. Surtout, ce parcours s’inscrit dans les avant-gardes qui font alors de New York l’un des endroits les plus stimulants du monde.

Une bouillante marmite culturelle new-yorkaise
C’est l’un des aspects particulièrement intéressants de l’exposition qui se tient à la Philharmonie de Paris : elle présente – bien sûr – la musique et la trajectoire du Velvet mais en insistant sur le bouillonnement créatif dans lequel elles s’inscrivent. Au sein de la Factory d’Andy Warhol, d’abord, où se croisent jour et nuit des artistes et personnages hauts en couleurs. Mais c’est plus largement une bonne partie de Manhattan qui est alors le théâtre d’une contre-culture vivace et protéiforme. Le cinéma (avec notamment Jonas Mekas), la poésie (avec notamment Gérard Malanga), la musique contemporaine (avec les amitiés de John Cale, notamment avec le compositeur La Monte Young), la photographie (avec une série remarquable de Stephen Shore, alors tout jeune homme), tout cela est présent dans l’exposition, remarquablement mise en espace par la designer Matali Crasset. En restituant ainsi l’émulation qui régnait alors, l’exposition met le doigt sur la raison pour laquelle le Velvet Underground est si important : en découvrant sa musique, on ouvre une porte sur un continent entier, vaste et inépuisable.

Vincent Théval

Exposition The Velvet Underground – New York Extravaganza à la Philharmonie de Paris, jusqu’au 21 août 2016.

À lire : The Velvet Underground, de Joseph Ghosn et Philippe Azoury (Actes Sud Rocks, 2016)

Crédit Photo : © Gerard Malanga Courtesy Galerie Caroline Smulders Paris