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D’une formule magique, les Belges de Vismets se sont transformés. Du rock électro de leur premier album « Gürü Voodoo » sorti en 2010 il ne reste rien, ou presque. Plusieurs potions de vintage, un soupçon de psyché, des griffes de mélodies, « Abracadabra », voilà le bouillonnement d’une pop aux saveurs fin sixties et seventies. Les morceaux de ce deuxième disque tout juste arrivé en France ont des allures de liberté retrouvée. Même leurs formats gambadent selon leur bon plaisir, allant de la minute à peine passée à huit presque sonnées, s’étalant dans des champs aux influences à peine voilées. Et le groupe a tout fait, de la production au mixage en passant par le visuel. Une bonne occasion de croiser Dan, le chanteur de ceux qui ne sont finalement pas si loubards que ça.
Le virage que vous avez pris couvait déjà à l’époque de « Gürü Voodoo » ou cela a été une envie au moment de l’écriture de « Abracadabra » ?
Cet album-là, c’est vraiment mon ADN musical. Avant même « Gürü Voodoo », j’écrivais déjà de la pop psyché. Je n’ai même jamais cessé de le faire. Ce type de scène a commencé à vraiment frémir vers 2011. Du coup j’étais frustré de ne pas pouvoir sortir cette musique que j’affectionne tant et que je fais depuis très longtemps. On en a profité pour faire une petite mise à jour. Pour moi le virage était assez naturel.
Moins pour les autres membres ?
Peut-être, en effet. Mais je n’ai pas eu à les obliger. Le premier argumentaire a été les morceaux eux-mêmes. On avait d’ailleurs tenté de composer à trois mais c’était compliqué. Du coup ils m’ont donné carte blanche en me disant « travaille de ton côté, fais ce que tu veux et essayons de mettre les choses qui sortent ensemble ». La première année du travail sur l’album on avait écrit une musique beaucoup plus rentre-dedans, plus grunge-psyché mais qui n’était pas du tout les morceaux d’« Abracadabra ». C’était à mi-chemin entre l’énergie de « Gürü Voodoo » et les sonorités d’aujourd’hui. Mais on s’est essoufflé de ça, on s’est dit que l’on aimerait bien quelque chose de plus soft. Et moi j’avais vraiment envie de mélodies, peu importe après l’habillage, peu importe si c’était de la pop psyché ou de la pop « autre chose ». J’en avais un peu marre des gimmick et des riffs, la démarche principale était d’écrire des mélodies.
Cela a demandé beaucoup plus de travail qu’une musique plus frontale ?
On ne travaille en effet pas du tout de la même manière. On a d’abord bossé dans des studios de manière classique, mais ensuite on m’a prêté une petite cabine et j’ai loué plein de matos d’enregistrement vintage. Je me suis enfermé là-bas pendant trois ou quatre mois. J’y ai passé tout l’hiver : je travaillais quatre jours d’affilés, les autres arrivaient le cinquième jour pour écouter, ils enregistraient leurs parties et les idées qu’ils avaient en plus. Au final j’étais très à l’aise dans ce qui demandait justement plus de finesse et de travail. Il y avait beaucoup de neige, je n’avais pas trop envie de sortir et il y avait un feu de cheminée. J’étais bien. J’étais content de chercher, j’ai pris beaucoup de plaisir. Je n’ai du coup pas eu cette sensation de devoir beaucoup creuser, même si évidemment cela a été du boulot. C’était toujours dans le positif.
« Abracadabra » est un bon titre d’album de changement mais il est bizarrement aussi celui du morceau qui en est le moins représentatif, le plus proche de l’énergie d’avant…
C’est vrai, c’est le titre qui fait sûrement le trait d’union entre les deux albums. D’ailleurs ce gimmick on l’a depuis longtemps : on le jouait déjà sur scène pendant la tournée de « Gürü Voodoo ». J’ai eu l’idée d’y rajouter cette voix bizarre qui, pour moi, était celle d’un sorcier qui raconte comment il se promène de village en village en récitant ses formules. J’avais d’ailleurs intitulé au début le morceau The Wizard(NDR : le sorcier) et puis j’ai changé en me disant qu’évidemment il fallait l’appeler comme la formule magique que dit ce personnage. Et même si c’est en effet le titre le moins représentatif de ce deuxième album, je trouvais qu’il collait parfaitement au tour de magie que l’on était en train de vivre en apparaissant soudainement transformés.
Le changement se trouve jusque dans votre voix, vous chantez très différemment…
Oui et je pense d’ailleurs que je chante mieux. Je n’arrive plus du tout à écouter ma voix sur le précédent album. Je ne changerai pas grand chose sur « Gürü Voodoo » mais je réenregistrerais toutes mes voix. Grâce au fait que j’ai cette fois passé énormément de temps en studio, j’ai appris à l’utiliser comme un instrument, à lui faire visiter des hauts, des bas, à m’amuser avec des superpositions, à en jouer, enfin.
Propos recueillis par Marjorie Risacher
Découvrir :
Vismets – Lose Your Mind
Crédit Photo : © Mihnéa Popescu
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