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Il y a du Jeff Buckley chez ce jeune anglais de 24 ans. « Control », son premier album, est en passe de devenir l’un des cartons de l’année avec ce mélange de soul, de pop et d’électronique.
Quel est votre parcours ?
Je m’appelle Paul Dixon et je suis Londonien. J’ai grandi en pratiquant la musique classique, le violon, la guitare et la trompette. J’ai composé mes premières chansons à l’âge de 11 ans. Bien sûr, je n’imaginais pas déjà une carrière mais j’ai senti très tôt le besoin de m’exprimer par la musique. J’ai déménagé à Manchester et là-bas j’ai été impressionné par l’atmosphère de la ville. J’y ai commencé à me produire dans un tas de petits bars. Je crois que ça été le déclic, le départ de ma carrière.
Quelle est votre première influence, la pop ou la musique électronique ?
J’ai grandi en écoutant des radios pop et des choses assez classiques. C’est mon frère qui m’a éduqué musicalement – même si aujourd’hui, c’est le contraire – il ne supportait plus que j’écoute les Spice Girls et m’a très vite acheté des albums importants : c’est grâce à lui que j’ai découvert Jeff Buckley, Marvin Gaye ou Patty Smith. Puis j’ai découvert The Fugees, Kanye West et Dr Dre qui m’ont vraiment bouleversés. Ce sont eux qui m’ont amené aux sons plus électroniques.
C’est étrange car on ne retrouve pas ces influences hip-hop dans votre album mais plutôt des sonorités soul.
C’est vrai, mais j’utilise les rythmes du hip-hop d’une manière plus douce, moins agressive que dans les productions rap actuelle. Mon album préféré est celui de Lauryn Hill « The Miseducation of Lauryn Hill », que je trouve parfait (avec « What’s Going On » de Marvin Gaye). Ce sont là mes influences majeures : le flow, les mélodies et la production. Tout est parfait là-dedans.
Une chose m’a toujours étonné en Angleterre, c’est la précocité des groupes et des musiciens. Comment expliquez-vous cela ?
Je crois que le succès amène le succès ! Si tu as 15 ans et que tu vois des groupes de 18 ans rencontrer un triomphe, tu te dis : « Pourquoi pas moi ? Ils y arrivent, alors moi aussi, je peux le faire… » Je ne parle pas de groupes qui viennent d’un autre pays mais ceux du coin de la rue. Je crois vraiment à l’exemplarité du succès en Angleterre. Cela dit aujourd’hui on fait de la bonne musique partout mais heureusement pour moi, on s’intéresse toujours un peu plus à mon pays. Tant mieux pour moi !
Vous avez une voix assez exceptionnelle : quand vous êtes vous dit pour la première fois : je suis capable de chanter !
J’ai grandi dans une église, mes parents étaient pratiquants et j’ai toujours chanté dans une chorale comme les chanteurs de gospel aux États-Unis. J’ai intégré une chorale jeune et toujours chanté en public mais aujourd’hui je sais contrôler ma voix, je sais mieux la moduler. Je n’ai pris aucune leçon mais à force de m’enregistrer et de me réécouter, j’ai appris à la maîtriser. J’ai produit cet album tout seul, dans ma chambre avec mes machines. Je serais incapable, pour le moment, d’enregistrer dans un grand studio. »
Pensez-vous faire parti d’une nouvelle scène avec James Blake ou Alt-J qui mixe pop et électronique ?
Oui je crois. On me compare souvent à James Blake et c’est pour moi un honneur. Notre point commun est d’écrire de vraies chansons. Bien sûr nous utilisons l’électro mais au service des chansons et pas l’inverse. L’électro est le cadre de notre travail. Pas le tableau ! »
Vous êtes souvent remixé. Vous investissez-vous dans le choix des remixeurs ?
J’adore que d’autres artistes apportent leur vision de ma musique. C’est aussi un moyen de toucher d’autres personnes, un autre public. Bien entendu nous choisissons les musiciens avec ma maison de disque. Dernièrement nous avons demandé au groupe français Thylacine de remixer Solace. Le résultat est excellent !
Dans votre album vous citez de nombreuses villes Amsterdam, St Tropez. Vous êtes un grand voyageur ?
Oui, Holding On parle justement des relations que tu créés lors de voyages et des choses que tu laisses derrière toi. Quant à la chanson St Tropez, elle évoque un couple d’Anglais qui part à Saint-Tropez croyant y trouver le paradis mais, comme ils n’ont pas d’argent, ils restent en marge de ce paradis. Partir se balader dans cette ville, c’est un cliché pour les Anglais et je voulais montrer l’envers du décor.
Pourquoi avoir choisi, pour la session Riffx, une version acoustique ?
Se dépouiller des ordinateurs et des boîtes à rythme est le meilleur moyen de savoir si une chanson tient la route toute seule, sans artifice. Si ta chanson passe la rampe de la guitare voix et n’a besoin de rien d’autre, alors tu peux imaginer que ce soit une bonne chanson !
Propos recueillis par Willy Richert
Découvrir :
Fyfe – Holding On (Session Acoustique)
Merci à la Fabrique Balades Sonores pour son accueil.
Crédit Photo : © Laura Coulson
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