Les Pixies. Le retour des lutins prodigues ?

Il aura donc fallu attendre vingt-trois ans pour que le cinquième album des Pixies voit le jour. Autant d’années houleuses de séparations et reformations qui auront tenu en haleine les fans du groupe mythique. Indie Cindy est donc le disque que l’on n’attendait plus ou que l’on espérait trop, douze titres préalablement sortis au cours des derniers mois à travers trois E.Ps qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre de ravissements ou de déceptions.

L’histoire du groupe de Boston a, c’est le moins que l’on puisse dire, un parcours en dents de scie. Formé en 1986 autour de Charles Michael Kittridge Thompson, alias Black Francis (et Franck Black depuis le début de sa carrière solo), les quatre membres se séparent officiellement en 1993 après de fortes dissensions qui semblaient inguérissables. L’ironie veut que, malgré un certain succès, ce ne soit qu’après cette date que les Pixies accèdent au rang d’icône et entrent au Panthéon du rock alternatif. Un statut certainement dû à un certain Kurt Cobain qui avoue à plusieurs reprises que le groupe est une des influences majeures de Nirvana.

Nostalgie, quand tu nous tiens !

Ce n’est donc qu’en 2004 que les Américains récoltent les lauriers de cette immense notoriété, quand après une reformation surprenante au bout de douze ans, ils écument les scènes internationales. Mais leurs diverses tournées ne sont alors que les compilations des quatre albums précédents, des lives de nostalgie qui durent pendant plusieurs années. Les rumeurs d’un nouveau disque vont et viennent, les best of s’éternisent et bien évidemment les relations se tendent à nouveau.

Ce n’est que l’an dernier que deux coups de théâtre font office de douche écossaise. En juin 2013, la bassiste et vocaliste Kim Deal annonce qu’elle quitte définitivement le groupe. Mais l’été de cette même année sort une chanson inédite, très vite suivie d’un premier E.P quatre titres (E.P 1). La nouvelle officielle tombe : le cinquième album de Pixies sortira bel et bien malgré l’absence de la miss Deal. Suivront un deuxième E.P en janvier 2014 puis un troisième quelques semaines avant la sortie de l’attendu Indie Cindy.

On connaît la chanson

Ce cinquième album aura donc été totalement défloré à travers ces sorties successives. Les premières salves de critiques apparaissent d’ailleurs quand les aficionados comprennent que le nouveau disque sera les trois fois quatre titres achetés ou entendus préalablement. Pas de découvertes supplémentaires si ce n’est un Women of War uniquement présent sur la toile et offert en téléchargement une semaine avant la sortie officielle.

Indy Cindy

Les seconds grincements de dents viendront du contenu assagi. Mais on ne fait pas la même musique à vingt ans qu’à cinquante et ceux qui espéraient croquer de l’alternatif de bout en bout ont été déçus. Alors bien sûr il y a des tiédeurs comme les titres Greens and Blues et Silver Snail qui ressemblent plus à des émotions pour concert d’ado. Il y a également des fausses énergies banales comme Blue Eyed Hexe. Mais à côté de cela il y a le très réussi titre générique Indie Cindy qui a des relents de Grinderman (un des groupes de Nick Cave) flirtant avec la surf music. Il y a le What Goes Boom d’entrée aux guitares endiablées qui reprennent le style Pixies constitué par des successions de passages tendres et de gimmicks féroces. Et surtout il y a le magnifique Bagboy dont l’énergie d’antan ressort en une formidable réussite. Et certains auraient, il y a un an encore, payé très cher pour n’avoir que ce nouveau titre là de Pixies.

Marjorie Risacher

Découvrir :

Pixies – Greens And Blues

Crédit Photo : © Jay Blakesberg

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