Sticky Fingers, Andy Warhol et l’art du disque

Les Rolling Stones viennent de rééditer leur album Sticky Fingers, paru en 1971 avec une pochette mythique, signée Andy Warhol. L’occasion de revenir sur le travail de l’artiste new-yorkais pour ce disque mais aussi pour d’autres, parfois moins connus.

Très tôt Andy Warhol s’est intéressé au rock pour son énergie, son aspect sulfureux et sa propension à la mise en scène. En 1965, il est à l’origine de la formation du Velvet Underground, qui trouvera dans la Factory l’environnement idéal pour développer ses chansons et son imagerie. Andy Warhol réalise la pochette du premier album du groupe de Lou Reed et John Cale : une simple banane sur fond blanc. Simple ? Pas tout-à-fait puisqu’une petite inscription invite à en retirer la peau, laissant apparaître le fruit… rose. Au-delà du sous-entendu sexuel évident, il y a une conception et une mise en œuvre exceptionnelles.

Un problème de braguette !
C’est aussi le cas six ans plus tard pour la fameuse pochette de « Sticky Fingers », qui déclenche un scandale pour son aspect très suggestif : un jean, une braguette que l’on peut ouvrir et qui laisse apparaître un caleçon blanc. Warhol en a eu l’idée, soufflée à Mick Jagger lors d’une fête à New York en 1969, avant même que l’album n’existe dans l’esprit du groupe. Billy Name est l’auteur de la photo et Craig Braun a assuré le design de l’objet. Ce n’est pas une mince affaire, l’objet est compliqué : fermée jusqu’en haut, la fermeture Éclair abîme le disque suivant, lors des envois aux magasins. Elle l’abîme systématiquement au niveau de la chanson Sister Morphine, qui ne peut être lue ! La solution : baisser la braguette au milieu pour qu’elle n’abime que la pochette, au centre, et pas le vinyle en lui-même.

Les pochettes de l’art
Les pochettes de Sticky Fingers et du premier Velvet Underground réalisées par Andy Warhol comptent aujourd’hui parmi les plus célèbres de l’histoire du rock. Mais l’artiste en a réalisé beaucoup d’autres (près d’une cinquantaine) : de John Cale (« The Academy In Peril », 1972) à John Lennon (« Menlove Ave », 1977) en passant par Paul Anka (« The Painter », 1976). Moins connu, Warhol a aussi conçu des pochettes pour des géants du jazz comme Thelonious Monk en 1954 ou Count Basie en 1955. Et elles sont tout aussi sublimes.

Vincent Théval